Tourisme, transports, loisirs… comment rêver et réinventer les vacances ?

Confinés pendant huit semaines, les Français ont pu retrouver ce week-end les sentiers côtiers et battre la campagne. Alors que certains sites touristiques ont rouvert ponctuellement, comme le Mont  Saint-Michel, la cathédrale de Chartres ou encore le téléphérique de l'Aiguille du Midi, la question des vacances reste encore en suspens. A quoi ressemblera l’été ? Dans ce contexte, comment rêver  et réinventer la coupure estivale ? Destination locale, désir de nature… ce moment peut-il être une opportunité pour le territoire français ?

Pour en parler, nous recevons Jean Viard, sociologue, directeur de recherche associé CNRS Cevipof. Auteur de “Le triomphe d’une utopie”, (éditions de l’Aube, 2015).

A quoi ressemblent les vacances des Français ? 

Les vacances c’est d’abord un rituel collectif. Cette pensée du temps qui avance et qu’on marque, elle est partout mais c’est surtout dans les sociétés occidentales qu'elle s'est construite. Et ça s’inscrit dans cette idée même du temps. Et après c’est un rite individuel. Il y a les vacances privées qui sont un modèle de transhumance. Jean Viard

"Les vacances sont d’abord familiales. Le cœur des vacances c’est de l’intrafamilial. Et cette année, il y a un élan de solidarité pour aider ceux qui sont le plus en difficulté à pouvoir  partir.  Des aides financières ont été mises en place pour que les personnes en première ligne face à la crise comme les personnels de caisse, les éboueurs ou le personnel soignant bénéficient d'un repos mérité."

Pourquoi est-ce si important de partir ? 

Partir en vacances c’est partir dans le vide. C’est ça l’enjeu, partir est essentiel. On se déplace dans l’espace pour changer d’espace-temps. C’est le moment du couple et de l’affection pour certains ou l’initiation sentimentale pour d’autres. Jean Viard

"Le virus va nous poser de gros problèmes. Le risque de se passer la maladie de manière horizontale par générations en partant en vacances existe. Et ce risque va entrainer des codes différents et moins chaleureux. Les vacances de 2020 vont être différentes, elles seront une parenthèse. Mais elles pourront également servir à renforcer l’offre touristique proposée pour 2021."

Un monde moins mobile pénalise-t-il le secteur touristique ?

"Le monde d’après sera d’abord comme le monde d’avant. Mais on a appris une chose fondamentale qui est que l’humanité s’est sauvée parce qu’elle coopère et qu’on a remis les frontières. Comment avec ça on refait de la politique ? Là c’est le numérique qui va structurer les liens. Et dans l’espace, le mouvement de quitter les grandes villes pour aller à la campagne est vrai. On a envie d’habiter ailleurs. Et le télétravail va augmenter ce phénomène des gens qui veulent habiter hors des grandes métropoles."

On est en train de faire humanité par le voyage. Quand il y a autant de gens qui passent les frontières c’est qu’on fait humanité. Et le débat entre le voyageur et le touriste date d’il y a longtemps. Il y a différents marchés qu’il faut réguler et qui risquent de façonner l'image du tourisme. Jean Viard

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