Travailler c’est trop dur ?

Un ouvrier dans une usine Renault à Maubeuge en 2018.
Un ouvrier dans une usine Renault à Maubeuge en 2018. ©AFP - LUDOVIC MARIN
Un ouvrier dans une usine Renault à Maubeuge en 2018. ©AFP - LUDOVIC MARIN
Un ouvrier dans une usine Renault à Maubeuge en 2018. ©AFP - LUDOVIC MARIN
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Les protestations contre le projet de réforme des retraites révèlent nos crispations autour de la question du travail et de la crise de son sens. A-t-on renoncé à faire du travail le lieu de l'accomplissement de soi ?

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Parmi les mesures prévues par le projet de réforme des retraites porté par le gouvernement, l'instauration d'un "âge pivot" a cristallisé de nombreux mécontentements. Travailler plus longtemps suscite un rejet net dans une partie de l'opinion. De nombreux facteurs justifient cette hâte du moment de la retraite : la pénibilité du travail ou encore une espérance de vie en bonne santé qui stagne. Au-delà de ces questions, ce conflit n'est-il pas aussi révélateur d'une crise plus profonde, celle d'une perte de sens du travail ? 

Qui s'épanouit encore au travail ? Comment lui donner du sens à l'heure où les contrats courts, l'ubérisation et le chômage de masse précarisent le marché de l'emploi ? A-t-on renoncé à faire du travail plus qu'un moyen de subsistance ? 

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Pour en parler, nous recevons Danièle Linhart, sociologue du travail, directrice de recherche émérite au CNRS, auteure notamment de La Comédie humaine du travail publié aux éditions Erès en 2015. Elle sera rejointe par l'écrivain Vincent Message, auteur notamment de Cora dans la spirale aux éditions Seuil.

Le travail, lieu de la parodie du bonheur

Face à l'émergence des chief happiness officers, qui veillent à l'épanouissement des salariés au travail, Danièle Linhart porte un regard très pessimiste : 

Il n'y a plus de relation spontanée entre les collègues, et la direction doit, via les chief happiness officers, organiser des rencontres, des événements et des moments délicieux. On a le sentiment, en tant que salariés, d'être totalement pris en charge, contrôlés par la direction et la hiérarchie intermédiaire." Danièle Linhart

Procès France Télécom, une souffrance au travail enfin reconnue

A la demande du Monde, Vincent Message a assisté aux audiences du tribunal correctionnel de Paris sur le harcèlement moral subi par les employés du groupe et a accueilli le délibéré qui condamne l'entreprise et son ex-PDG, avec soulagement.

C'est une avancée dans le droit, non seulement le harcèlement moral n'est pas seulement une question de rapport interpersonnel mais une question d'institution et quand il s'agit d'une politique d'entreprise impulsée au plus haut niveau. Il peut y avoir  harcèlement moral même quand les prévenus n'ont aucun lien physique direct avec les victimes. Vincent Message

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