"Tromperie" : Arnaud Desplechin, un fidèle de Philip Roth

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Un drame amoureux sur l'infidélité, et la loyauté à soi-même.

Avec

Dans « Tromperie », Denis Podalydès reprend les traits de Philip, romancier célèbre et avatar de Philip Roth - qui accueille son amante anglaise, Léa Seydoux, dans le studio qu’il loue pour travailler. Nous sommes à Londres dans les années 1980, et dans ce bureau hors du temps, ont lieu les retrouvailles et les conversations entre l’écrivain et la jeune femme, qui se confesse et se confie à lui, lui inspirant ainsi son prochain roman.

Dans le dernier film d’Arnaud Desplechin, il est donc question des femmes de la vie de Philip, celles dont les échanges ont inspiré, ou non, ses livres à succès. Dans ces scènes d’adultère, le sexe laisse la place aux thèmes existentiels : la vie, l’amour, l’antisémitisme, l’art et comment trouver sa place dans le monde.

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Le cinéma dans la vague

Arnaud Desplechin nous donne son point de vue sur cette période et les différents confinements que l'industrie du cinéma a subis.

C’est catastrophique et en même temps ça a provoqué des épisodes heureux, j’ai pu travailler beaucoup. Je viens de terminer un dernier film avec Marion Cotillard et Melvil Poupaud, « Frère et soeur ». J’ai un peu honte car le pays se plaint et je suis heureux.

La période est inquiétante et les spectateurs s’inquiètent. Les salles se vident, les gens ont pris d’autres habitudes culturelles et les salles ne peuvent pas revenir sous la même forme, sans doute en étant plus minoritaires. [...] Je regarde très peu de séries. Elles nous racontent des histoires mais je préfère qu’on me dise la vérité et au cinéma je trouve des idées.

Depuis 1927 le cinéma ne cesse de mourir. Mais il continue et je crois que les gens auront toujours besoin d’images plus grandes qu’eux. [...] Je me souviens que Hitchcock faisait des séries télés dans sa carrière. Quand la télévision américaine est arrivée le cinéma était en péril mais il s‘est réinventé.

Du livre au film et de la réalité à la fiction

Le livre « Tromperie » se présente comme une série de collage, des bribes de conversation presque enregistrées à l’insu de celui qui les prononce.

« Tromperie » de Philip Roth se présente comme un essai et dans le film on a essayé de le présenter en roman.  Philip se nourrit de la vie qui l’entoure.

La question de l’autobiographie est omniprésente dans le livre et dans le film. A-t-on à faire à une œuvre de fiction ou à un document littéraire avec les règles que Philip Roth s’est fixées et que le cinéaste a décidé de suivre ?

Je ne crois pas que Philip Roth se raconte. C’est un jeu. Il écrit « je n’existe pas, je ne suis qu’une succession de rôles, je ne suis que théâtre, je ne suis que les rôles que je joue maladroitement ».

Il y a des allers-retours entre la vie et la fiction. L’écrivain est passionné par cette femme et par les gens qu’ils rencontrent. Il se nourrit de leur singularité et mécaniquement son œuvre s’en nourrit. Il y a un refus de l’héroïsme, il écoute l’humilité de ses interlocuteurs et il en récupère quelque chose.

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