Trump ou le déclin du rêve américain, avec Ludovic Tournès et Jean-Bernard Cadier

Joe Biden entrevoit la victoire, Donald Trump dénonce un "vol".
Joe Biden entrevoit la victoire, Donald Trump dénonce un "vol". ©AFP - CHANDAN KHANNA
Joe Biden entrevoit la victoire, Donald Trump dénonce un "vol". ©AFP - CHANDAN KHANNA
Joe Biden entrevoit la victoire, Donald Trump dénonce un "vol". ©AFP - CHANDAN KHANNA
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Le suspense reste entier quant à l’issue de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, alors que les résultats définitifs dans plusieurs Etats sont encore inconnus et que le président républicain a dénoncé sans preuve des fraudes.

Le suspense reste entier, trois jours après la fin du scrutin présidentiel aux États-Unis. Alors que le dépouillement se poursuit dans cinq États, le démocrate Joe Biden appelle ses partisans à rester « calmes » et n’a « aucun doute » sur sa victoire. Le président sortant républicain persiste quant à lui à dénoncer des « votes illégaux ». Des mots qui ont valu à Donald Trump d’être coupé par plusieurs télévisions américaines.

Revue de presse internationale
6 min

Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Ludovic Tournès, professeur d’histoire internationale, auteur du livre Américanisation. Une histoire mondiale XVIIIe-XXIe siècles qui vient de paraître aux éditions Fayard, ainsi Jean-Bernard Cadier, correspondant aux Etats-Unis à Washington DC, la capitale américaine, pour la chaîne BFMTV. Son dernier livre Joe Biden. Une histoire américaine est publié aux éditions l’Archipel.

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C'est plutôt bien engagé pour Joe Biden

"C'est plutôt bien engagé pour Joe Biden. Il est possible que l'on annonce dans la journée une victoire du candidat démocrate dans cette élection américaine. Il faut s'arrêter un instant sur la façon dont on annonce les résultats dans ce pays. Ce sont les médias américains, les grandes chaînes américaines qui, au bout d'un moment, quand elles estiment que les avances sont suffisantes dans les différents Etats, prennent une décision qui est une décision éditoriale d'annoncer le nom du vainqueur. (...) Décision extrêmement difficile d'annoncer ou de ne pas annoncer, sachant que c'est tellement tendu, tellement serré dans tous les états. Il y a une telle pression du camp d'en face que cette prise de décision est assez compliquée." (Jean-Bernard Cadier) 

"On estime que 75% des votes par correspondance sont favorables à Biden. Pourquoi ? Parce que ce sont des gens qui ont suivi les consignes du vice-président Biden sur la pandémie en disant "Ne prenez aucun risque, n'allez pas en personne dans les bureaux de vote où vous risquez une contamination". Contrairement à Trump qui disait "vous ne risquez rien, je vous demande d'aller dans les bureaux de vote". Et donc, ceux qui ont voté par correspondance, ce sont à 75% des démocrates. Et comme on attend aujourd'hui, notamment en Pennsylvanie, en Géorgie, mais aussi dans l'Arizona, les derniers bulletins dépouillés qui sont des bulletins par correspondance, on peut penser qu'ils seront favorables à Joe Biden." (Jean-Bernard Cadier) 

"Joe Biden est né dans la classe moyenne en Pennsylvanie. Son père a connu l'échec, la pauvreté. Il a donc, lui, connu l'échec, la pauvreté dans sa famille. Il a connu des épreuves lorsque, jeune sénateur, il venait d'être élu. Sa femme a connu un terrible accident de la route où elle a perdu la vie. Sa petite fille a perdu la vie. Il a dû élever seul ses deux fils. Ensuite, en 2015, il a perdu son fils, qui est mort d'un cancer. C'est un homme qui a connu des épreuves. Un homme qui a réussi à surmonter ces épreuves. C'est un peu le mythe américain de l'éternel optimisme." (Jean-Bernard Cadier) 

Le Billet politique
4 min

La démocratie américaine, depuis un certain nombre d'années, est franchement dysfonctionnelle

"On peut considérer que la démocratie américaine, depuis un certain nombre d'années, est franchement dysfonctionnelle. On l'a vu dans les décennies récentes avec deux présidents qui ont été élus alors qu'il était minoritaire en voix et ces dysfonctionnements sont encore plus nets dans l'élection actuelle, parce qu'on voit bien la complexité de ce système qui aboutit à des difficultés énormes." (Ludovic Tournès)

Cette nuit encore, le président a tenu un point presse depuis la Maison Blanche mais ce qu’on en lit dans les journaux depuis est barré de ce mot, en grosses lettres : mensonges ! « Un discours d’une malhonnêteté historique », selon le  Washington Post.

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Le jugement est encore plus radical, mais aussi plus imagé, chez le présentateur-vedette de  CNN, Anderson Cooper, juste après le point presse.

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"C'est extrêmement compliqué de réformer ce système parce que vous avez un État fédéral, c'est-à-dire 50 États avec des États qui ont leurs prérogatives, un Etat fédéral qui en a d'autres et les États fédérés qui ne veulent pas que l'État fédéral empiète sur leurs prérogatives. Et puis, je crois qu'une des difficultés les plus importantes, c'est qu'aujourd'hui, l'Amérique est tellement divisée qu'une réforme de ce système est quasiment impossible. Pour qu'il y ait une réforme possible, il faut qu'il y ait un minimum de consensus transpartisan. Ce n'est absolument pas le cas aujourd'hui." (Ludovic Tournès)

France-Etats-Unis, une relation ambivalente

"L'attitude et la relation de la France vis-à-vis des Etats-Unis, est effectivement extrêmement ambivalente et complexe. C'est une relation de long terme, elle remonte au 18ème siècle. Quand La Fayette est allé aux Etats-Unis, et ce n'était pas encore les Etats-Unis, qui étaient des insurgés à l'époque lors de la Guerre d'Indépendance, ce n'était effectivement pas par idéalisme, mais le coup de main en question était non-négligeable. Et donc, il a contribué à forger un lien assez précoce entre la France et les Etats-Unis. Et d'ailleurs en retour, quand la Révolution française a déclaré la guerre à l'ensemble de l'Europe, finalement, les Etats-Unis sont parvenus à son secours. D'où, évidemment, bien sûr, une certaine alacrité. L'autre chose qui est importante à signaler, c'est qu'effectivement, on a deux pays qui sont à prétention universelle et universaliste. Sauf qu'il y en a un qui ne cesse de décliner à partir du début du 20ème siècle, la France et l'autre qui ne cesse de monter. On a effectivement une certaine jalousie, disons, pour dire les choses très rapidement de la France vis-à-vis des Etats-Unis. La France qui, finalement est un pays qui a été déclassée, en particulier au lendemain de la Seconde Guerre mondiale où elle n'est plus qu'une puissance moyenne, alors que les Etats-Unis sont apparus comme une superpuissance." (Ludovic Tournès)

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