Violences policières, nouvelle doctrine ou vieille histoire ?

Des CRS affrontent des manifestnts lors d'une manifestation à Paris
Des CRS affrontent des manifestnts lors d'une manifestation à Paris  ©AFP - Bulent Kilic
Des CRS affrontent des manifestnts lors d'une manifestation à Paris ©AFP - Bulent Kilic
Des CRS affrontent des manifestnts lors d'une manifestation à Paris ©AFP - Bulent Kilic
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Les images ont fait le tour des réseaux sociaux ce week-end. On y voit des militantes féministes en marge d’une marche samedi dernier se faire traîner à terre par des CRS. Ces pratiques de maintien de l’ordre sont-elles nouvelles ou font-elles écho à notre histoire sécuritaire ?

Avec
  • Arnaud-Dominique Houte Professeur d'histoire contemporaine à Sorbonne-Université
  • Christian Mouhanna Sociologue et directeur du Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (CESDIP)

Des manifestantes féministes traînées à terre par des CRS en marge d’une marche organisée le 7 mars dernier à Paris. Ces images, qui ont fait le tour des réseaux sociaux, témoignent de la nouvelle doctrine sécuritaire basée sur « l’impact », selon les propres termes du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Depuis les manifestations contre la Loi Travail et la crise des gilets jaunes, les violences policières sont pointées du doigt.

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La contestation se fait désormais entendre en interne : des hauts gradés de la gendarmerie nationale ont remis en cause les ordres du préfet de police de Paris lors des récentes manifestations. Dans des documents recueillis par Mediapart, ils accusent Didier Lallement, nommé en mars 2019, d’un usage « illégal » et « disproportionné » de la force. Assiste-t-on à une systématisation des violences policières ? Ces pratiques de maintien de l’ordre sont- elles nouvelles ou font-elles écho à notre histoire sécuritaire ? Pour répondre à ces questions, nous recevons ce matin le sociologue Christian Mouhanna, spécialiste des questions de police et de justice, ainsi que l’historien et professeur à la Sorbonne Arnaud Houte.

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Evolution des modes opératoires dans le maintien de l'ordre 

" On sait que les violences policières, quand il n'y a pas de smartphones, on ne peut pas s'en apercevoir. Il est intéressant de voir que la vidéosurveillance dont on a équipé nos villes n'a jamais servi à contrôler le travail des policiers. [...] Le smartphone devient un outil de contrôle des policiers. D'ailleurs, on le voit pour les manifestations, on le voit aussi dans les banlieues. " Christian Mouhanna

"Il faut rappeler que les policiers et les gendarmes qui font le maintien de l'ordre, ce sont les mêmes et ils ont appris leur métier en fonction de principes qui ne sont pas forcément ceux qui sont mis en avant aujourd'hui.  __Arnaud Houte

Des forces de l'ordre face à une tension omniprésente ? 

"Dissuader les gens de manifester est un peu dans la tradition du maintien de l'ordre. [...]Pour le gouvernement, c'est toujours chercher un équilibre entre. Il ne faut pas que ça aille trop loin dans la répression pour pas créer des martyrs. Mais en même temps, il ne faut pas non plus donner l'impression que qu'on laisse tout faire. Et surtout, il ne faut pas essayer de discréditer ces manifestants." Christian Mouhanna

C'est aussi la fabrication d'un événement par une construction médiatique, parce que tout simplement, il y a un écosystème médiatique aujourd'hui avec des chaînes d'info en continu qui peut justement créer finalement aussi davantage de peur. Arnaud Houte

Vous pouvez (ré)écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

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