George Sand à Franz Liszt et Marie d'Agout

France Culture
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Mariée à 18 ans avec Casimir Dudevant, un avocat avec lequel elle ne s’entend pas, George Sand multiplie les liaisons amoureuses jusqu’à leur séparation en 1836. Deux ans plus tôt, et grâce à son amant Alfred de Musset, elle rencontre Franz Liszt, alors en pleine passion pour Marie d’Agoult, laquelle a quitté son mari et ses deux filles pour vivre avec lui. Entre la romancière scandaleuse et le compositeur débute aussitôt une liaison subtile nourrie d’admiration réciproque, “juste milieu entre l’amour et l’amitié” écrira-t-elle.

Or ces rapports ambigus qui font couler beaucoup d’encre torturent Marie d’Agoult qui éprouve pour Sand un mélange d’amitié et de jalousie. Mais en janvier 1838, date de cette charmante et familière missive pleine d’humour dans laquelle George Sand s’affuble en raison de son grand nez du surnom de Piffoel, les rapports du trio sont encore sans nuages. Et la liaison de l’auteur de La Mare au diable avec Frédéric Chopin, rencontré via Musset, encore balbutiante. Sand informe ses amis du succès unanime du Requiem de Berlioz, joué un mois plus tôt au cours d’une cérémonie officielle dans la chapelle des Invalides. Et leur demande de ne pas lire son dernier roman La Dernière Aldini , promettant que le prochain – il s’agit des Maîtres mosaïstes - sera meilleur.

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Un an plus tard, et sur l’idée de Sand qui ne peut pas l’écrire elle-même, Balzac la met en scène aux côtés de Liszt et Marie d’Agoult dans Beatrix . Un roman qui refroidit leur amitié. Surtout du côté de Marie d’Agoult, furieuse que le personnage qui la dépeint – Beatrix de Rochefide - y soit toujours inférieure à Félicité des Touches, alias Camille Dupin et ex-amante du musicien Conti… Ce qui ne l’empêchera pas d’imiter son ancienne amie et de prendre à son tour un pseudonyme masculin – en l’occurrence celui de Daniel Stern - pour signer ses futurs livres.

Bonsoir bonne et charmante princesse, Bonjour cher crétin du Valois.

N’oubliez pas Piffoel qui dépose à vos pieds son cœur, son cigare et les vestiges sauvés de sa robe de chambre écarlate.

Piffoel ira peut-être à Paris à la fin de janvier. Partout si on célèbre une seconde fois comme les journaux l’ont annoncé la messe de Berlioz. Piffoel serrera de grand cœur la main à Sopin à cause de crétin, et aussi à cause de Sopin, because Sopin is very zentil. Piffoel bescaches fellows not to read Dernier Aldini, but to read next production, which is much better and not yet finished.Piffoel vous presse dans ses bras et vous prie de l’aimer, après vous each other, s’il en reste

Traduction du passage en anglais : « Parce que Chopin est très gentil. Piffoel supplie les fellowes de ne pas lire la Dernière Aldini, mais de lire la prochaine production qui est bien meilleure et n’est pas encore achevée. »