Bonne résolution 2021 : comprendre la dette et la création monétaire !

Les injections de liquidités de la BCE sont massives depuis qu’elle rachète les dettes des Etats de la zone euro (plus encore après le Covid-19). On compare souvent ces liquidités à de la morphine.
Les injections de liquidités de la BCE sont massives depuis qu’elle rachète les dettes des Etats de la zone euro (plus encore après le Covid-19). On compare souvent ces liquidités à de la morphine.  ©Getty - Getty
Les injections de liquidités de la BCE sont massives depuis qu’elle rachète les dettes des Etats de la zone euro (plus encore après le Covid-19). On compare souvent ces liquidités à de la morphine. ©Getty - Getty
Les injections de liquidités de la BCE sont massives depuis qu’elle rachète les dettes des Etats de la zone euro (plus encore après le Covid-19). On compare souvent ces liquidités à de la morphine. ©Getty - Getty
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La dette de la France va dépasser les 120% du PIB en 2021. Un record. Va-t-on vers la faillite ? Non. Quand faudra-t-il rembourser ? Et si on en annulait une partie ? Possible ? Fou ? La dette: ce sera un des débats de la présidentielle, mais il va être ardu, ni simple ni basique. Préparons-nous !

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A ceux qui nous succèderont, peut être les choses sembleront-elles plus simples. Peut être des moyens plus efficaces de rémédier aux maux dont souffre l’humanité auront été découverts ? Je ne sais… Joseph Caillaux, Avril 1932.

Avril 1932, la crise de 29 n’est pas loin. Joseph Caillaux n’est plus alors Ministre des finances, mais il l’a été plusieurs auparavant, et adresse ce message à la postérité. 

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Quasi un siècle et de nombreuses autres crises après, dont une en cours, que dirait-on à celui qui proposa en 1907 la création d’un impôt sur le revenu (lequel fut adopté sept an s plus tard en 1914) ? 

On pourrait lui dire qu’aujourd’hui, l’Etat français se finance autant par l’endettement que par les ressources fiscales. 

260 milliards d’emprunt, 250 d’impôts en 2020. Une première. 

On pourrait lui dire qu’en 2021, ce sera sensiblement pareil, 260 milliards d’emprunt encore, 270 de recettes fiscales, au maximum, vues les incertitudes à venir. 

On pourrait aussi lui donner le montant total de la dette publique française, sécurité sociale et collectivités locales comprises : 2600 milliards d’euros, et lui dire qu’elle a doublé depuis 2007, année, où le Premier ministre de l’époque François Fillon disait…

Je suis à la tête d’un Etat qui est en faillite sur le plan financier… François Fillon, septembre 2007.

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On pourrait alors rassurer Joseph Caillaux, et lui dire que non, l’Etat français n’a toujours pas fait faillite. Certes, son endettement taquine les 120%, deux fois plus qu’en 2007, mais il n’y a pas trop à s’inquiéter car toujours la France trouve des gens pour lui prêter. Que cela lui coûte même quasi trois fois moins cher d’avoir deux fois plus de dette qu’en 2007, parce que les taux sont négatifs et que toute la dette émise en 2020 coûte 0 en intérêt. 

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Plus précisément : "Les 260 Md€ de titres de dette à plus d’un an émis en 2020 l’ont été à un taux de rendement négatif, à -0,14 % en moyenne, me précise l'Agence France Trésor (qui gère la dette de l'Etat). Malgré cela, le stock total de dette porté par l’État en 2020 porte toujours un taux positif, en moyenne de 1,3 % (après 1,7 % en 2019) (NDLR les taux d'intérêt sur notre dette ont donc baissé en 2020, mais ils restent positifs pour l'ensemble de notre dette). Ceci correspond à un coût pour le budget de l’État de 36 Md€ en 2020 (NDLR, en 2020, les charges d'intérêt payées pour l'ensemble de notre dette ont été de 36 milliards)."  

Il faudrait alors expliquer à Joseph Caillaux qu’aujourd’hui un Etat peut gagner de l’argent en s’endettant, et qu'emprunter a rapporté 7 milliards d’euros à l’Allemagne en 2020. 

L'ancien Ministre des finances demanderait alors peut être par quelle magie, tout cela est possible… Et on lui répondrait : PEPP, QE, PSPP…  c’est-à-dire Programme d’achat d’urgence pandémie, assouplissement quantitatif, bref, émissions monétaires de la banque centrale. Des milliers de milliards d’euros... Pour se rendre compte de ces injections monétaires, on pourrait alors lui montrer les graphiques qui retracent l'évolution du bilan de la BCE, et il verrait que depuis la crise financière de 2008, et plus encore en 2020, c'est exponentiel. 

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Pour comprendre en quoi, ces émissions monétaires peuvent être aussi dangereuses, les deux chroniques ci-dessous l’expliquent (même si elles ont plus de 6 mois, les mécanismes n’ont pas changé). 

A lire/ écouter : Banque Centrale qui sauve, Banque Centrale qui nuit

A lire/ écouter : Que feriez vous avec 2400 milliards d’euros ? 

Emissions monétaires à foison mais pas d'inflation...  

Et l’inflation, nous demanderait alors peut-être Joseph Caillaux ? Car dans la théorie, c’est ce qu’il se passe. Si on émet trop de monnaie, que les déficits sont financés par de l’émission monétaire, il y a un risque d’inflation. Et bien non, rien. Elle est négative. Comme les taux ! 

Magique ? Non, tout simplement l’économie post-crise financière d’aujourd’hui.

Les milliers de milliards de la BCE financent les Etats mais comme l’argent passe par les marchés, ce sont les produits financiers qui augmentent : les obligations, les actions… l’immobilier aussi, et les fortunes de ceux qui ont déjà un patrimoine. 

A lire/ écouter : De bulles en bulles : état des lieux en temps de Covid-19

On disait déjà la finance déconnectée de l’économie réelle avant 2020, on ne sait plus quoi dire aujourd’hui. 

Après avoir frôlé le krach boursier à la mi-mars, toutes les bourses ont fini sur des records. Récession, et euphorie financière vont désormais de pair.

Les marchés anticipent une reprise explosive, avec des dividendes et des bénéfices en hausse en 2021 et 2022. C'est pour cela que toutes les valeurs boursières ont dépassé des records en cette fin d'année (moins le CAC 40).  Entre l’extrême panique, comme en mars, et l'euphorie, comme en ce moment, il semble ne plus y avoir de zone tampon. Alexandre Baradez, analyste marchés, chez IG.

Qu’il y ait 10 millions de chômeurs en plus aux Etats Unis, un million de pauvres en plus en France, ce n’est pas un souci.  En tout cas, ça n'alimente aucune crainte. 

Que la dette publique française dépasse les 120% du PIB non plus. 

Et pourtant, le gouvernement lui s’en inquiète depuis l’automne. 120%. Est-ce tenable ? Soutenable ? Une commission a même été formée pour réfléchir aux voies et moyens de rectifier le tir.  

A lire / écouter : Quoi qu'il en coûte : à qui combien et quand ? 

Ci dessous, une interview du Président de cette commission Jean Arthuis (et la critique qui va avec pour vous mettre dans le bain du débat qui fait rage à propos de la dette  !!)

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Mais pourquoi cet empressement alors que s’endetter ne coûte rien ?  

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Pourquoi ne pas avoir créée une commission sur la réduction de la pauvreté : un million de pauvres en plus en 2020, est-ce que ça ne mériterait pas aussi une réflexion ? Est-ce que ce n’est pas plus urgent ?

La dette de l'Etat, c'est comme un paquebot, les ajustement de trajectoires prennent du temps à s'opérer. Ce n'est un hors-bord à qui on fait faire des zig-zag. Anthony Requin, directeur de l’Agence France Trésor qui gère la dette de l'Etat.

Autrement dit, quand on a dévié d’un côté, celui de la dépense, il faut longtemps à l’avance, prévenir qu’on va dévier dans l’autre sens pour rassurer les investisseurs. S'ils ont confiance en la France pour honorer ses engagements, elle pourra continuer à bénéficier des taux d'intérêt bas actuel, ce qui permettra d'avoir une charge de la dette qui pèse le moins possible dans le budget et donc sur les autres politiques publiques.

A lire : Coronavirus : le "Quoi qu'il en coûte" en six questions

Quitte à déprimer les agents économiques, déjà prêts pour le sang et les larmes à peine la période des masques et des gels révolue ? Après le quoi qu'il en coûte, l'austérité ? Comme après la crise financière, avec les mêmes effets délétères sur la reprise et l'investissement ? 

Pour éviter cette perspective n'inquiète à son tour les agents économiques (entreprises ou ménages) des économistes proposent d'annuler une partie de la dette, celle que détient la BCE, ce qui ne léserait pas les investisseurs privés. 

Voir notamment ici, et ici et si vous voulez rentrer dans le détail de leurs arguments, et ceux de leurs contradicteurs, j'ai (tenté !) un état des lieux dans la chronique ci-dessous. 

A lire/ écouter : Annuler les dettes : un choix politique, pas magique. 

Le débat est ardu, tendu, il oppose même des économistes que l’on pourrait penser du même bord. 

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Beaucoup d'arguments d'autorité sont utilisés. 

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Parfois les échanges sont plus constructifs (mais ultra techniques...). 

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L'une des membres de la Banque centrale européenne va jusqu'à twitter qu'il faut arrêter d'en parler ! 

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Or ce débat sur la dette pourrait bien s’inviter dans la campagne présidentielle car des candidats déclarés ou putatifs sont séduits par cette idée d’annulation partielle. 

Ça peut être passionnant, l’occasion rêvée de débattre du rôle de la monnaie et des institutions qui la gèrent, mais ça peut être aussi déroutant et incompréhensible, car j’ai une mauvaise nouvelle (et je me mets dedans) : nous n’avons pas les bases. 

Je vous/ nous souffle une bonne résolution pour 2021 : comprendre… la création monétaire !  

Bon courage... et bonne année ! 

Et voici quelques ressources pour commencer avec des critiques associées à la vidéo que je proposais, et des conseils.  

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J'ai découvert l'extrait de discours de Joseph Caillaux dans le tweet ci-dessous, qui le détaille in extenso, et fait le lien avec la situation que l'on vit aujourd'hui. 

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