

Mario Draghi quitte la présidence de la BCE. Il laisse une zone euro en vie, mais dont les Etats divergent sur tous les plans. Une seule ordonnance vaut-elle pour 19 patients ? Que sous-entend Christine Lagarde en concluant son hommage avec une chanson de Léonard Cohen ?
L'hymne à la joie pour dire au revoir à Mario Draghi. Dans l'assemblée, 400 invités, dont le président français, la chancelière allemande, le président Italien, la nouvelle présidente de la commission européenne, et bien sûr celle qui va remplacer Mario Draghi à la présidence de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde.
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Vos actes à la tête de la BCE sont si connus, que je n'ai pas besoin de les répéter commence Christine Lagarde... et d'ailleurs j'ai promis de ne pas prononcer les fameux trois mots. Christine Lagarde.
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Les fameux trois mots, les voici. Whatever it takes.
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Whatever it Takes, Tout ce qu'il faut. Ces trois mots prononcés par Mario Draghi en 2012 n'ont pas sauvé la zone euro de tous ses travers, mais à cette époque, ils ont clairement empêché qu'elle n'explose. Les marchés financiers spéculaient alors sur l'éclatement de la monnaie commune. En leur disant calmement que la BCE ferait tout ce qu'il faut pour sauver la zone euro, et que sa puissance était infinie comparée à la leur, Mario Draghi a mis fin aux paris de casino sur la fin de l'euro.
Pour cela, il mérite sans doute son titre de Super Mario... mais si la zone euro fut sauvée des spéculateurs, dans quel état la laisse-t-il aujourd'hui ?
- Croissance du Produit intérieur brut des 19 : 1.2%, c'est faible mais le ralentissement est mondial.
- Inflation : autour de 1%, là, on est bien en dessous de la cible de 2%.
- Chômage : 7.5%, soit le plus faible taux depuis 11 ans.
Rien de catastrophique donc, rien de folichon non plus, mais ces chiffres ne disent rien du plus grand défi qui attend Christine Lagarde, défi qui tient en un mot : DIVERGENCE.
Les économies de la zone euro divergent
Ce problème est inhérent à l'euro, il était connu dès le départ, mais il y a 20 ans, l'horizon c'était la convergence, pas la divergence économique, financière, fiscale et sociale. L'euro devait même permettre aux économies européennes de converger, or c'est l'inverse qui se passe, comme le décrit cette note écrite par Eric Dor, directeur des études économiques de l'IESEG.
- Au nord les excédents, au sud les déficits.
- Dans les pays dits centraux (Allemagne, France), des flux financiers excédentaires, dans les pays dits périphériques (Italie, Espagne Portugal) au contraire des capitaux qui partent.
- En Lettonie une inflation à 2.9%, au Portugal, 0.5%.
- Le plein emploi aux Pays bas, un tiers des jeunes au chômage en Grèce.
- La Grèce, oui est finalement restée dans la zone euro sous Mario Draghi, mais le pouvoir d'achat de ses habitants s'est effondré, alors qu'en Allemagne, il n'a fait qu'augmenter.
- Disons un mot des banques : 40% des prêts octroyés par les banques grecques sont toujours à risques, 18% pour Chypre, 8% en Italie, moins de 2% en Allemagne...

Le tableau, en détail, le voilà. Or la banque centrale européenne n'ajuste pas ses outils pays par pays. Oui elle a innové ces 10 dernières années, mais ce sont les mêmes pour tous.
Imaginez un médecin qui a 19 patients, mais ne peut fournir qu'une ordonnance. Pas facile d'éviter les effets secondaires indésirables ici ou là... surtout quand ces patients, c'est à dire les Etats de la zone euro, ne font pas grand chose pour se soigner collectivement et attendent TOUT, ou presque du médecin.
Une seule ordonnance pour 19 pathologies différentes
En sauvant la zone euro, avec ses fameux trois mots, Mario Draghi a donné l'illusion de la toute puissance de la banque centrale européenne, or, c'est faux elle ne peut pas tout. Si la zone euro diverge dans tous les sens, ses 19 pays membres doivent aussi agir : mettre plus de moyens budgétaires en commun, finir l'union bancaire en mutualisant leur système de garantie des dépôts notamment.
Mario Draghi le disait à chacune de ses conférences de presse ces derniers mois, et Christine Lagarde le dira aussi. Elle a déjà regretté publiquement que les pays comme l'Allemagne et les Pays bas n'investissent pas davantage puisqu'ils sont en excédents budgétaires.
Déséquilibre, discordance, hétérogénéité, critiques de plus en plus fortes sur les médicaments non conventionnels des années Draghi, craintes de bulles obligataires ou immobilières, nouveau défis, climat, crypto-monnaies voilà, ce qui attend l'ancienne avocate à la tête de la BCE.
Christine Lagarde jouera-t-elle la même partition que son prédécesseur, on peut s'y attendre. Et ainsi peut on aussi interpréter la fin de son discours hommage à Mario Draghi lundi à la BCE.
Sonnez les cloches qui peuvent encore sonner oubliez votre offre parfaite Il y a une fissure, une fissure dans tout C'est comme ça que la lumière entre. Parole d'Anthem, chanson chantée par Leonard Cohen et citée par Christine Lagarde à la fin de son discours.
Façon de dire que la BCE ne contentera jamais tout le monde. De quelles fissures et de quelle lumière parle t-elle, là c'est plus énigmatique, mais tout le monde dans l'assemblée a quand même applaudit.
Marie Viennot
Ci dessous, la chanson de Leonard Cohen.
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