

Dans un monde fini, la croissance peut-elle être infinie ? Non. Mais comment vivre sans croissance quand la population croit et aspire à s'enrichir ? Des idées, il y en a, des solutions aussi. Cap sur les plus systémiques (car le temps presse).
Fin septembre à l'assemblée des nations unies.
Des éco-systèmes entiers s'effondrent, nous sommes au début d'une extinction de masse, et tout ce dont vous parlez c'est d'argent et de contes de fée de croissance éternelle... comment osez vous !! Greta Thunberg, 23 septembre 2019.
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L'assemblée applaudit, quelques semaines plus tard, le magazine Time décerne à Greta Thunberg son titre de personnalité de l'année....
Dire que la croissance infinie est impossible dans un monde fini, la jeune suédoise n'est ni la seule, ni la première à le faire...
En 1972, le club de Rome, un groupe de réflexion réunissant scientifiques, économistes, fonctionnaires et industriels d'une cinquantaine de pays, avait intitulé son premier rapport Halte à la croissance. (Ici un encadré intéressant sur la réception de ce rapport et les légendes urbaines qui circulent à son encontre, notamment le fait que ce rapport aurait prédit la fin du pétrole en 2000)
Un rapport enterré depuis sous des milliards et des milliards de dollars de produit intérieur brut.
NB : cet article est la version écrite, et augmentée de nombreux liens et graphiques, de la version radio / podcast que vous pouvez écouter en cliquant sur le player en haut de la page et/ou en vous abonnant au podcast de la Bulle économique.

de 3800 Mds $ à.... 86 000 Mds
En 1972, la richesse matérielle produite chaque année dans le monde était de 3800 milliards de dollars, aujourd'hui 86 000 milliards, 22 fois plus.
Pour la planète, c'est un mal. La courbe des émissions de gaz à effet de serre suit la progression du produit intérieur brut, et si parfois les émissions mondiales ont baissé, c'est parce que la croissance avait baissé aussi.

Pour les habitants de la terre en revanche, cette augmentation exponentielle du PIB est bienvenue. 22 fois plus de PIB pour une population qui a seulement doublé dans le même temps, c'est plus de richesse pour chaque habitant, en moyenne.
Oui cette richesse n'est pas équitablement répartie, et c'est un problème, même le FMI et la Banque Mondiale le reconnaissent, et parlent dorénavant de croissance inclusive ou encore de croissance au profit de tous... mais de croissance toujours.
Cette année encore, le 40ème comité monétaire et financier international qui réunit à Washington le FMI, la banque mondiale, et les ministres des finances des pays les plus riches s'est ouvert sur des condoléances pour, je cite le communiqué final : "les pertes de vies humaines et les conséquences dévastatrices de la récente catastrophe naturelle qui a frappé les Bahamas", mais un paragraphe plus loin tous les participants s'engagent à consolider la croissance au profit de tous.
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Augmenter le PIB, c'est, vous l'avez déjà entendu dire mainte fois, augmenter le fameux gâteau. Plus de gâteau, c'est plus d'argent pour les services publics, pour le pouvoir d'achat, pour les salaires, pour rembourser la dette. Le système économique ne sait pas faire sans. Et la planète, elle ne peut plus faire avec. Plus le temps passe plus le jour du dépassement, ce jour de l'année où nous avons consommé ses ressources renouvelables se rapproche. C'était le 29 septembre en 1999, 20 ans plus tard, c'est le 29 juillet. Deux mois plus tôt.

Gourou apocalyptique, éco morveuse, sans solution ...
En écrivant cela, je fais ma Greta... et m'expose aux critiques les plus blessantes. Gourou apocalyptique, climato-hystérique, écomorveuse ou encore, pour la version douce de la secrétaire d'Etat à la Transition écologique, Brune Poirson, démobilisatrice ET sans solution.
Greta Thunberg c'est bien c'est important. Elle mobilise, mais quelles sont les solutions qu'elle met sur la table ? Je ne sais pas. Et je ne crois pas qu'on puisse mobiliser la population avec du désespoir. Brune Poirson, secrétaire d'Etat à la Transition écologique
En ce début d'année, soyons positif et attardons nous sur les solutions systémiques, car le temps presse.
L'une des clefs du changement, c'est la capacité de notre système économique à créer des richesses avec moins de ressources, et moins de pollution.
Ce découplage entre croissance du PIB et croissance des émissions de gaz à effet de serre est possible. Il a déjà lieu.

Aujourd'hui, ce qu'on appelle l'intensité en carbone du PIB diminue dans les pays développés.

Mais cette baisse est de 1.6% en 2018, alors qu'il faudrait qu'elle soit de 7.5% par an pour contenir le réchauffement de la planète à deux degrés selon les calculs de Price Water House Coopers pour son Low Carbon economy Index.

Viser la neutralité carbone, comme le promettent la nouvelle commission européenne et de plus en plus d'entreprises, c'est bien, développer l'économie circulaire, c'est nécessaire, mais ce sera insuffisant pour "décarbonner" nos économies dans les temps.
Des idées pour aller plus vite : ici !
Vite ça chauffe !
L'autre clé du changement, c'est de redéfinir la richesse. Le PIB doit-il rester la quête perpétuelle des politiques économiques comme l'explique le site facileco hébergé par le ministère des finances pour expliquer l'économie aux citoyens français ?
Des économistes nombreux proposent des alternatives, sans pour autant prôner la décroissance (que je n'aborde pas dans cette chronique faute de place et de temps mais qui est une problématique à considérer aussi).
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Viser le bien être humain, et non la croissance écrit Eloi Laurent (OU ici un nouvel article intitulé "La transition juste : un nouvel âge de l'économie et de l'environnement). Le Bouthan le fait déjà, la Nouvelle zélande a voté en 2019 un budget qui va dans ce sens. Moins ambitieuse, mais dans la mouvance, la France promet pour 2021 un budget où dépenses et recettes seront estampillées vert/blanc/marron, en fonction de leur effet sur l'environnement.
Passer à la doughnut économie pour concilier justice sociale et contrainte environnementale, comme le propose Kate Raworth, une économiste qui a longtemps travaillé pour Oxfam.
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Remettre en question le concept d'Homo économicus, cet être guidé par la maximisation de ses intérêts. Cette idée n'est pas neuve mais elle revient avec force et a récemment été développée par Daniel Cohen. J'ajoute enfin, cette voie (du milieu :) dont j'avais parlé dans une précédente chronique.
Bref, des idées de solutions il y en a... mais ces quelques exemples montrent qu'il faut remonter très haut, à la base même de nos théories économiques pour pouvoir concevoir un changement rapide et à grande échelle. Or ce chemin, cette diversité des approches, cette remise en cause des concepts hérités de l'économie néo-classique, ni la recherche, ni l'enseignement en économie ne sont en train de l'encourager.
Marie Viennot