Quelle que soit l'époque et leurs partis, les dirigeants français présentent la Suède comme un modèle. Initié il y a 25 ans, le cocktail privatisation/école a cependant quelques ratés.
Ca y est la rentrée est passée! et ce week-end il y a des élections en Suède.
Je te salue toi, pays le plus beau du monde, dit l'hymne suédois que vous entendrez si vous écoutez la version parlée de la bulle économique.
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Ces paroles, ce sont peu ou prou, celles que prononcent aussi, mais pas en suédois, nos dirigeants politiques, quel que soit leur bord depuis plusieurs décennies.
Alors penchons nous un instant sur ce modèle suédois, qui dans l'éducation est des plus original. Car la Suède a plus qu'innové dans ce domaine, aussi bien sur le fond que sur la forme.
Sur la forme, elle a décentralisé et dérégulé en un rien de temps. Le choc fut grand.
Sur le fond, c'est d'ailleurs pour cela que la bulle économique vous en parle, elle a confié au privé, une part de plus en plus importante de ce service public. En d'autres mots, de plus en plus d'écoles sont devenues financées par le public, mais gérées par le privé. Aujourd'hui, 18% des élèves suédois en primaire et 26% en secondaire sont dans le privé, contre 1% il y a 25 ans. Le modèle suédois à l'épreuve de la privatisation. (Le Monde)
Finie la carte scolaire
Tout a commencé en 1989 quand l'éducation nationale a transféré aux municipalités de larges pans de sa responsabilité. Ce fut l'acte 1. Acte 2, le parti libéral venait de revenir au pouvoir et en 1992, il supprime la carte scolaire. Les parents ont une totale liberté dans le choix de leur école... et plébiscitent de plus en plus des écoles privées, que l'on nomme la bas FRISKOLOR.
Vous allez dire... c'est un peu comme chez nous... sauf que NON, absolument pas.
En Suède, les professeurs ne dépendent plus de l’État mais des communes ou des entreprises privées d'éducation qui les emploient, et si les parents choisissent le privé, ils ne payent rien. L'école qu'ils ont choisi touche un chèque éducation équivalent au cout estimé d'un élève pour une année.
Cette réforme, voire cette révolution, n'a pas été guidée par une volonté de faire des économies, heureusement d'ailleurs car la Suède consacre 7% de son Produit intérieur brut à l'éducation, et détient pour cela le record d'Europe. D'économies, il n'y a pas eu avec la privatisation partielle du système éducatif suédois, qu'on se le dise. Mais ce n'était pas le but.
Le BUT, c'était d'apporter une plus grande diversité des approches pédagogiques dans le système éducatif. C'est d'ailleurs pour cela que, même les partis de gauche et écologistes avaient soutenu cette ouverture au privé. On devait sortir d'un carcan administré pour une école plurielle. Les syndicats de profs pensaient que la concurrence allaient poussaient les salaires vers le haut.
Mais tout ça n'a pas eu lieu, et aujourd'hui l'école est devenue un sujet de controverse récurrent et explosif dans le pays. Difficile de dire si la privatisation en est la seule cause, mais le constat est là, rien ne va mieux dans le domaine éducatif.
La ségrégation scolaire s'est approfondie. Les professeurs enseignent souvent deux matières, surveillent aussi les récréations, alors que leurs salaires ont baissé. Les vocations deviennent rares, les qualifications accessoires.
Dans un article paru ce mois ci, Le Monde Diplomatique cite une professeur de français qui dit avoir été choisie pour enseigner en sixième, parce qu'elle avait des notions, "sa fille vivant en France". Privatisation de l'école, le fiasco suédois
Quand une école fait faillite...
En 2013, coup de tonnerre, un groupe privé fait faillite, laissant 35 établissement scolaires et 11 000 élèves sur le carreau. On apprendra que 3 ans plus tot, leur propriétaires s'étaient partagés 50 millions d'euros avant de revendre l'entreprise à un société de capital risque.
Deux ans plus tard, nouvel électrochoc, la Suède connait la chute la plus forte dans le classement PISA qui fait autorité pour évaluer la réussite scolaire. L'OCDE en fait un sujet d'étude à part, presque un anti modèle, et titre son rapport: La Suède doit rapidement réformer son système scolaire pour améliorer la qualité et l'équité.
Un temps, il a été question de plafonner les bénéfices des écoles privées pour éviter au moins les dérives, et que l'argent public ne financent pas des profits faits au détriment de la qualité. Les partis de gauche et écologistes l'ont encore proposé pour ces élections.
La Suède modèle d'avenir ou l'exemple à ne pas suivre? Sur l'éducation, on sait maintenant répondre à cette question.
Marie Viennot
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