

"Le Brésil au dessus de tout, Dieu au dessus de tous", c'est le slogan du candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro. Son programme libéral séduit des patrons, mais s'il a des chances de gagner les élections, c'est grâce aux courants évangéliques qu'il a réussi à tous fédérer, ce qui est inédit.
La vidéo ci-dessous a été tourné dans une entreprise brésilienne. Le patron s'adresse à ses salariés et leur demande s'ils préfèrent que le Brésil deviennent comme les États-Unis, l'Angleterre, la Corée du Sud ou comme le Vénézuela et Cuba.
Nous avons fait une enquête qui montre que 30% de nos salariés vont voter blanc ou nul, s'indigne Luciano Hang, la patron de Havan.
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Ce patron d'une chaine d'électroménager veut inciter ses employés à voter. Le problème c'est que sur sa vidéo, un bandeau fait la promotion du candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro. Et ses propos sont sans ambiguïté. Si le parti des travailleurs passe, il quittera le pays, mettra la clef sous la porte et licenciera ses 15 000 salariés. Qu'un employeur fasse du chantage à l'emploi pour inciter ses salariés à ne pas voter à gauche, ce n'est peut être pas une première au Brésil, mais qu'il se filme et soit aussi explicite, cela fit mauvais genre, le tour du pays et des réseaux sociaux. Ce n'était pas en outre un acte isolé.
Ne votez pas à gauche, ou je ferme l'entreprise !
Au point que Jair Bolsonaro lui même a demandé, aux entrepreneurs qui le soutiennent, via une vidéo postée aussi sur les réseaux sociaux de ne pas faire de propagande pour lui au sein de leur entreprise.... car c'est, a-t-il rappelé, interdit par la loi électorale.
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Dans l'un de ses clips de campagne, Jair Bolsonaro promet : Un Brésil fort, un Brésil qui se projette dans l'avenir, un Brésil qui change pour de vrai. Mais, comment lui, l'ancien capitaine de la dictature militaire des années 60 à 80, comment ce député inconnu qui a changé 5 fois de parti en 30 ans, comment celui qu'on appelle le Trump brésilien pour ses propos misogynes et caricaturaux, comment est-il devenu la coqueluche des patrons, et de la bourse, qui accueille par une hausse chaque sondage qui le voit grimper ?
Un candidat qui se dit incompétent en économie
Jair Bolsonaro n'a pas craint d'avouer son incompétence en économie, mais il a trois cartes maitresses pour intéresser les milieux d'affaire. Sa première carte, c'est un programme libéral: privatisation des entreprises publiques, baisse de la dette, baisse des impots et création d'un système de retraite par capitalisation.
Sa deuxième carte, c'est un homme Paulo Guedes qu'il a déja désigné comme ministre des finances. Jamais impliqué en politique, cet universitaire de 69 ans est connu pour ses positions ultra-libérales, celles que prônent depuis 40 ans l'école de Chicago dont il est diplômé.
Sa troisième carte, c'est le bilan économique désastreux du parti des travailleurs sous la présidence de Dilma Roussef et du centre droit de Michel Temer qui l'a remplacé.
A ECOUTER : Culture Monde : Brésil, économie, la sortie de route
- Entre 2014 et aujourd'hui la dette publique brésilienne est passée de 54 à 77% du PIB.
- l'investissement des entreprises s'est effondré,
- il y a eu deux années de récession sévères,
- le chômage touche désormais 13% de la population, 5 points de plus qu'il y a 4 ans.
- Voir ici un bilan économique du Brésil par l'OCDE
Effacé le souvenir des années faste de la présidence Lula. Entre 1999 et 2009, 30 millions de brésiliens étaient sorti de la pauvreté, mais depuis, 6 millions y sont revenus.
A ECOUTER : Brésil : un ascenceur social très fragile (reportage au Brésil en 2014)
Repoussoir pour les milieux d'affaire, le parti des travailleurs n'incarne plus l'espoir pour les plus modestes.
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Un Brésil de nouveau heureux, promet la chanson électorale du parti des travailleurs mais ce qui est coquasse, c'est qu'elle a été composé avant que Lula Da Silva ne se retrouve interdit de candidature; Les images ne montrent que Lula, pas le candidat qui se présente le 7 octobre devant les électeurs pour le parti des travailleurs. Et Lula Da Silva est en prison pour corruption.
La corruption c'est, avec la violence et les inégalités, le mal du Brésil, et en 13 années de pouvoir, le parti des travailleurs n'y a rien changé. Son candidat Fernando Haddad hérite de ce passif, alors que Jair Bolsonaro incarne la nouveauté, le choix fou que l'on n'a pas encore tenté.
Cependant, s'il s'attire le vote des plus modestes, en dépit de ses promesses pour réduire encore les droits des salariarié.es au travail, c'est parce qu'il est le premier candidat à fédérer tout les courants évangéliques, ce qui est inédit au Brésil. Elle est là sans doute, la clef de son succès et de sa possible victoire, même au second tour.
Son Slogan, "Le Brésil au dessus de tout, Dieu au dessus de tous" a su séduire les pasteurs, qui incitent les fidèles à voter pour lui.
Loin des caméras cette fois, et loin bien loin de toute considération économique.
Marie Viennot
L'équipe
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