

"Les marchés (...) apprendront aux électeurs Italiens à ne pas voter pour des partis populistes aux prochaines élections", cette phrase quasi-prononcée par un commissaire européen Allemand a déclenché la foudre... puis des déclarations d'amour. Mais au final, qui décide du sort de l'Italie?
La semaine avait mal commencé pour l'Italie. Le président Italien avait rejeté le gouvernement de coalition proposé par le mouvement 5 étoiles et la Ligue après plusieurs mois de négociations, il s’apprêtait à nommer un premier ministre venu du FMI surnommé "Monsieur Ciseaux", on annonçait de nouvelles élections et la peur commençait à gagner sérieusement les marchés financiers. Le VIX, cet indicateur financier qui mesure la volatilité, et donc la fébrilité des marchés et qu'on appelle aussi l'indice de la PEUR avait bondi de 27% en une journée en début de semaine.
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Le président Italien est-il légitime pour rejeter un ministre des finances anti-euro? Ne nourrit-il pas les populismes? Qui va gagner les prochaines élections? Y aura-t-il encore des acheteurs pour la dette italienne?
Et chacun de prévoir l'avenir, quand d'un coup une polémique, pas inédite, mais que l'on avait mise sous le tapis depuis un moment dans la zone euro, ressurgit. C'est Gunther Oettinger, le commissaire européen chargé du budget, un Allemand qui a mis le feu aux poudres. Le passage polémique de l'interview, vous pouvez l'entendre en ouvrant ce tweet (si vous parlez allemand).
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L'interview cependant, peu de gens l'ont entendu. Ce qui a fait le buzz, comme on dit, c'est le tweet en anglais que le journaliste interviewer, le correspondant à Bruxelles d'une télé allemande en as tiré.
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"Les marchés et des perspectives plus sombres apprendront aux électeurs Italiens à ne pas voter pour des partis populistes aux prochaines élections" m'a dit le commissaire européen, écrit le journaliste sur Twitter.
Quoi, les marchés financiers, apprendre aux italiens à voter? Indignation générale dans la péninsule. Chez les leaders politiques.
C'est fou à Bruxelles, ils n'ont vraiment pas honte. Si ce n'est pas une menace, ça! Moi je n'ai pas peur, a immédiatement tweeté Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite)
Ces gens traitent l'Italie comme une colonie de vacances où venir passer l'été. Mais dans quelques mois naîtra un gouvernement du changement et nous nous ferons enfin respecter en Europe. Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S)
Débat sur les réseaux sociaux.
- Nous sommes dans une économie de marché, pas une société de marché! s'énerve un Italien.
- Oui les marchés décident tant qu'on leur demande de l'argent répond un autre. Si on voulait être plus fort qu'eux il fallait y penser avant d'avoir la troisième plus grosse dette du monde".
- Assez des leçons de morale, renchérit un troisième, on travaille dur pour des salaires ridicules, nos conditions de travail sont misérable, c'est ça l'Europe que vous voulez?? Nous on s'appauvrit et les marchés décident. y'en a assez... basta basta basta.
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Les marchés apprendre à voter aux Italiens?
Même à Bruxelles, les propos du commissaire européen allemand sont jugés peu opportuns.
Nous sommes là pour servir les électeurs, pas pour leur donner des leçons". Donald Tusk, le président du conseil européen.
Le lendemain, le journaliste s'excuse, il a mal cité le commissaire Oettinger.
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Le commissaire Oettinger s'excuse...
Je respecte les électeurs qu'ils soient du centre de la droite ou de la gauche. En évoquant les réactions des marchés financiers, je n'ai pas voulu manquer de respect, je m'excuse pour cela. L'Italie, en tant que membre fondateur de l'Union a joué, joué, et jouera je l'espère encore un role dans l'intégration européenne. Gunther Oettinger.
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Le président de la commission européenne Jean Claude Juncker rassure. Dans un communiqué ad-hoc, il rappelle que l'Italie est un membre fondateur de l'Union et qu'elle mérite le respect. Séquence, déclaration d'amour.... L'UE a besoin de l'Italie, si l'Italie rejette l'Europe, c'est le chaos assuré.
Rétropédalage et pourtant...
Il n'y a pourtant pas eu de mauvaise citation. Mot à mot, les propos du commissaire Oettinger sont un peu différent mais un peu seulement. Les voici.
C'est possible que dans les prochaines semaines, la réaction des marchés financiers vis à vis de l'Italie soit si grande, que cela puisse être un signal pour les électeurs, et que finalement ils ne votent pas pour des populistes de gauche ou de droite.
Cependant, la veille de son rétropédalage le commissaire européen avait trouvé son propos suffisamment bien décrit pour relayer sur son propre compte twitter le tweet polémique.
Peu importe cette péripétie dans la polémique, ce qui est intéressant, c'est qu'à l'origine de l'analyse du commissaire européen au budget, il y a une réalité factuelle.
L'Italie, c'est 2300 milliards d'euros de dette, une croissance atone, un secteur bancaire qui vacille régulièrement sous les créances douteuses. La seule chose qui pousse les marchés à financer l'Italie, c'est la CONFIANCE. La confiance en la capacité du pays à rembourser ce qu'on lui prête
Cette confiance, l'Italie l'avait regagné ces dernières années. Elle a mené les réformes structurelles que l'Europe exigeait, réduit ses dépenses, retrouvé un budget en excédent primaire (c'est à dire hors dépense pour le paiement des intérêts de sa dette), elle a cessé de creuser sa dette.
Sur le plan financier, rien à dire.... Si les marchés financiers avaient voté, ils auraient sans doute reconduit le parti sortant.
Les Italiens ont, eux, fait un choix différent, preuve que c'est bien eux qui décident. Ou plutôt qui décidait, car dorénavant, leur sort est entre les mains de la coalition Ligue/ 5 étoiles qui va finalement gouverner.
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Une semaine qui coute cher
La semaine fini mieux pour l'Italie, elle a un gouvernement. Mais cette semaine coute cher. Les taux d'intérêt auquel le pays emprunte sur 10 ans sont passé de 2.4 à 3.39%. Quiconque a fait un prêt immobilier voit ce que cela représente comme différence en intérêt et donc en remboursement mensuel. Or l'Italie a 270 milliards d'euros à emprunter d'ici la fin de l'année.
Ça, le nouveau gouvernement ne peut l'ignorer et tout anti-système qu'il se dit, il devra rassurer, et faire d'une façon ou d'une autre sa déclaration aux marchés. Pas parce qu'il les aime, mais parce qu'il en a toujours besoin.
Il peut aussi, faire fi des marchés financiers, laisser la panique s'installer, frôler le défaut, et remettre alors son sort entre les mains de l'Union Européenne, qui n'aura alors sans doute pas d'autre choix que de réitérer sa déclaration d'amour. Pas parce qu'elle aime l'Italie, mais parce qu'elle a besoin que l'Italie reste dans l'UE, pour que l'UE, et la zone euro continuent d'exister. Ce sera tout sauf simple si cela arrive, car cette fois la question de la solidarité financière entre États de la zone euro se posera de façon bien plus éminente que pour la crise grecque. Que confuzzione cela risque d'être, et les déclarations d'amour ne seront pas de trop!
Marie Viennot
La chanson qui accompagne la bulle parlée!
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