Troisième et dernier volet du 6ème rapport du Groupe d'Expert sur le Climat, le GIEC. Plus politique que les précédents, ce rapport fait état des solutions possibles pour atténuer le changement climatique. Mais possibles ne veut pas dire probables...
Le jury a rendu son verdict. Et c'est accablant. Ce rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat est une litanie de promesses climatiques non tenues. C'est un dossier de la honte, répertoriant les gages vides qui nous mettent résolument sur la voie vers un monde invivable. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, le 4 avril 2022.
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"Une litanie de promesses climatiques non tenues, un dossier de la honte" : à chaque rapport du GIEC, le secrétaire général de l’ONU use de mots de plus en plus durs pour qualifier l’inaction face au changement climatique.
Les 3000 pages publiées en ce début avril sont le troisième et dernier volet de la série de rapports que publie le GIEC cette année.
C’est aussi le plus politique, car pour la première fois le GIEC liste les solutions possibles pour limiter le réchauffement climatique à 2, voire 1 degré 5 d’ici la fin du siècle. Si on poursuit la trajectoire actuelle, c’est 4 degrés de plus qu’il y aura par rapport à 1850, période préindustrielle de référence.
Pour ne pas en arriver là, il faut limiter nos émissions de 45% d’ici 2030, 6% par an. On sait dorénavant ce que cela veut dire puisqu’en 2020, année de confinements répétés, les émissions de gaz à effet de serre ont chuté de 5,8%, avant de repartir immédiatement après.
Les mesures de confinement mises en place dans de nombreux pays en réponse à la pandémie de COVID-19 ont démontré qu'un changement de comportement à grande échelle et en peu de temps est possible // The lockdowns implemented in many countries in response to the COVID-19 pandemic 32 demonstrated that behavioural change at a massive scale and in a short time is possible (high confidence). Page 7.
Jusqu’à maintenant, le GIEC parlait de décennie cruciale, cette semaine on est passé à 3 ans. Il reste trois ans à l’humanité pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre, sinon, le « monde d’après » sera un monde invivable… Il l’est déjà en partie en partie pour des millions de déplacés climatiques.
20 millions de personnes ont été déplacés en 2020 à cause événements climatiques extrêmes, trois fois le nombre de personnes déplacées par les guerres et conflits. Ça c’était dans le deuxième volet du sixième rapport, celui de mars qui dresse la liste des conséquences du réchauffement climatique au delà de 1,5 degrés.
Alors que faire ? Fidèle à sa tradition, le GIEC ne fait pas de recommandations, mais il dresse un inventaire précis, documenté et chiffré de tout ce qu’il est possible de faire : dans les transports, l’industrie, l’agriculture, l’habitat, l’énergie, les villes, la technologie, l’investissement et la finance.
C’est sur ce dernier volet, des flux financiers, que les discussions ont été les plus âpres, les décideurs politiques les plus mal à l’aise.
Flux financiers vers les pays du sud, insuffisants : les 100 milliards promis toujours pas atteints. Flux financiers publics et privés pour les énergies fossiles toujours supérieurs à ceux qui vont à la la transition, lesquelles devraient être multipliés par trois voire 6 pour avoir un effet.
A lire / écouter : Pas encore "d'argent magique" pour l'urgence climatique (chronique enregistrée en décembre 2020, mais toujours d'actualité puisque les 100 milliards n'ont toujours pas été atteint à ce jour)
Des efforts non vains, mais toujours insuffisants
Le GIEC existe depuis 1988, c’est son 6ème rapport. Celui qui affirme que tous les doutes sont levés : l’activité humaine est bel et bien responsable du réchauffement de la planète.
Le GIEC ne dit pas que rien n’a été fait depuis son dernier rapport en 2014 : les technologies bas carbone ont été encouragées, la croissance des émissions de CO2 est moins forte que dans les années 2000, mais croissance toujours il y a.
Ce qui croît aussi depuis 10 ans, ce sont les mensonges poursuit Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.
Certains gouvernements et dirigeants d'entreprises disent une chose, mais en font une autre. Autrement dit, ils mentent. Et les résultats seront catastrophiques. C'est une urgence climatique. Les climatologues avertissent que nous sommes déjà dangereusement proches de points de basculement qui pourraient entraîner des impacts climatiques en cascade et irréversibles. Mais les gouvernements et les entreprises fortement émetteurs ne se contentent pas de fermer les yeux, ils ajoutent de l'huile sur les flammes. Antonio Guterres, le 4 avril 2022.
Le lendemain de cette accusation, le Canada a donné son aval à un gigantesque projet pétrolier au large de l’atlantique. 300 millions de pétrole seront extrait de 2028 à 2058… Pourtant, le Canada est l’un des rare pays à avoir fait rentré dans sa LOI l’objectif de neutralité carbone en 2050.
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« Le monde a encore besoin de pétrole », a justifié le Ministre de l’environnement canadien. Le même jour, cet ancien activiste du climat tweete plein d’enthousiasme : "le Canada vient d’émettre sa première obligation verte, un succès".
https://twitter.com/s_guilbeault/status/1512242777098231810?s=20&t=kLr2xuRTCPbgT4rFunqt-g
Or le monde semble avoir toujours plus besoin de pétrole. Encore plus aujourd’hui que l’achat de pétrole russe est proscrit, et qu’on cherche à se passer de son gaz au plus vite.
La guerre en Ukraine va-t-elle accélérer ou ralentir la transition énergétique ?
Le rapport du GIEC ne se perd pas dans ces conjectures, mais il dit clairement que les solutions technologiques, les promesses de captation du carbone par les forêts, ou les petits gestes individuels ne compenseront pas les retards pris dans d’autres secteurs.
A lire/ écouter : Neutralité carbone, une promesse en vogue, vague, voire dangereuse
Pour la première fois, le GIEC désigne les personnes à statut socio-économique élevé comme étant celles qui peuvent le plus réduire leurs émissions.
Les personnes ayant un statut socio-économique élevé contribuent de manière disproportionnée aux émissions et ont le potentiel le plus élevé de réduction des émissions. Individuals with high socio-economic status contribute disproportionately to emissions and have the highest potential for emissions reductions, e.g., as citizens, investors, consumers, role models, and professionals. (high confidence). Page 45. Résumé pour "policy maker".
Réduire la demande, et donc nos besoins, c'est aussi dans le panorama des solutions. Pas forcément, la digitalisation de nos modes de vie alerte enfin le GIEC.
De grandes améliorations dans les technologies de stockage, de traitement et de communication de l'information, y compris l'intelligence artificielle, auront une incidence sur les émissions. Ils peuvent améliorer le contrôle de l'efficacité énergétique, réduire les coûts de transaction pour la production et la distribution d'énergie, améliorer la gestion de la demande et réduire le besoin de transport physique. Cependant, les centres de données et les systèmes informatiques associés (y compris la blockchain) sont gourmands en électricité et augmenteront la demande d'énergie - les crypto-monnaies peuvent être une source mondiale majeure de CO2 si la production d'électricité n'est pas décarbonée. Page 232.
Dire que tous les efforts qui seront faits d’un côté peuvent être annulés par les émissions grandissantes dues au numérique : 5G, cloud, streaming, blockchain, cryptomonnaie.
Comme dit la chanson et pour finir.. "Ça fait réfléchir, ça fait réfléchir !"
Reste à agir, mais les 3000 pages du GIEC montrent le chemin à suivre.
Prochain rapport du GIEC prévu en ... 2027.
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