Ralentissement du commerce mondial : pas de démondialisation en vue

Parmis les 10 premiers ports mondiaux pour le trafic de containers, la Chine en compte 6. Ici le port de Qingdao (numéro 8 mondial) qui voit passer 18 millions de containers équivalent 20 tonnes par an.
Parmis les 10 premiers ports mondiaux pour le trafic de containers, la Chine en compte 6. Ici le port de Qingdao (numéro 8 mondial) qui voit passer 18 millions de containers équivalent 20 tonnes par an.  ©Maxppp - CHINAFOTOPRESS/MAXPPP
Parmis les 10 premiers ports mondiaux pour le trafic de containers, la Chine en compte 6. Ici le port de Qingdao (numéro 8 mondial) qui voit passer 18 millions de containers équivalent 20 tonnes par an. ©Maxppp - CHINAFOTOPRESS/MAXPPP
Parmis les 10 premiers ports mondiaux pour le trafic de containers, la Chine en compte 6. Ici le port de Qingdao (numéro 8 mondial) qui voit passer 18 millions de containers équivalent 20 tonnes par an. ©Maxppp - CHINAFOTOPRESS/MAXPPP
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La croissance du commerce mondial ralentit, selon l'OMC. Après l'altermondialisme, la démondialisation, la relocalisation, voici venu un nouvel anglicisme pour désigner le moment dans lequel serait entré la mondialisation : la "slowbalisation" mélange de slow (lent), et globalisation. Explications.

Le directeur de l'OMC présente les chiffres du commerce mondial pour 2018 et les prévisions pour les années prochaines.    

Le fait que nous n'ayons pas de bonnes nouvelles à annoncer ne devrait suprendre personne, affirme Roberto Azevedo, directeur de l'OMC.   Ambiance morose... ambiance tensions commerciales en hausse, et pourtant, il n'y a pas de baisse du commerce mondial. En 2018, les échanges mondiaux ont augmenté de 3%. Moins que prévu, mais 3% quand même. L'an prochain, ce sera 2.6%, moins que l'année d'avant, mais toujours en hausse.     

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Alors pourquoi dramatiser ?   

On compare souvent la période actuelle aux années 30, notamment pour le retour des idées protectionnistes, mais Donald Trump a beau avoir imposé des tarifs douaniers en 2018, les européens et les chinois avoir riposté, les échanges mondiaux continuent bel et bien à progresser... alors qu'entre 1929 et 193, ils avaient été divisé par deux.     

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- WTO
L'Invité(e) des Matins
42 min

Faut-il s'inquiéter de ce ralentissement de la mondialisation que certains nomment déja slowbalisation, de slow lent, et globalisation ? Ou faut-il s'en réjouir ? Bien sûr, selon son bord politique, et son vécu les avis divergent.   

Ce qui est sûr, c'est que ce phénomène n'a pas commencé avec Donald Trump, mais avec la crise de 2008.   

Ce que nous observons aujourd'hui, c'est moins un ralentissement du commerce mondial qu'un retour à la normale, Sébastien Jean, directeur du CEPII, le centre d’études prospectives et d’informations internationales.

Entre 1993 et 2008, la libéralisation du commerce est allée de pair avec l'attrait des entreprises occidentales pour les pays émergents, aussi bien comme marché que comme lieu de production.  Voir cet article de Sébastien Jean de 2018 : La démondialisation n'aura pas lieu

En 2001, la Chine est rentrée dans l'organisation mondiale du commerce, la grande division internationale du travail s'est mise en place. Les entreprises ont fragmenté, puis mondialisé leur chaine de production... si bien que jusqu'en 2008, le commerce mondial augmentait certaines années trois fois plus vite que la richesse mondiale.    

Evolution comparée de la croissance du PIB mondial, et de la croissance du commerce mondial.
Evolution comparée de la croissance du PIB mondial, et de la croissance du commerce mondial.
- WTO

L''âge d'or de la mondialisation est derrière nous

C'est cette période qui est révolue, mais le monde est loin de se fermer. En 1993, les exportations représentaient 18% du PIB mondial, en 2008 le PIC, on était à 30%. Aujourd'hui 28%. Il n'y a pas vraiment protectionnisme en la demeure... Pas de marche arrière, pas de démondialisation en marche comme l'illustre ce graphique du CEPII

On peut aussi mesurer le taux d'ouverture commercial qui est = (Importations + exportations : 2 ) : PIB
On peut aussi mesurer le taux d'ouverture commercial qui est = (Importations + exportations : 2 ) : PIB
- CEPII

Le ralentissement du commerce mondial n'est pas non plus un signe de relocalisation. Ca et là, des entreprises rappatrient leur production en Europe, notamment parce qu'elles peuvent faire fabriquer par des robots en Europe, ce qu'elles fabriquaient en Asie, mais on est loin d'une tendance de fond.   

Longueur de la chaine de valeur mondiale selon le secteur
Longueur de la chaine de valeur mondiale selon le secteur
- wto

Les entreprises cherchent toujours à réduire leurs couts en fabricant là où c'est moins cher, moins encadré, moins écologique...   En termes économiques, on parle de chaine de valeur globale, et elle ne se contracte pas confirme le directeur de l'OMC lors de sa conférence de presse, en réponse à une question à ce sujet.       

Les études que nous avons faites ne montrent pas une contraction de la chaine de valeur globale. Roberto Azevedo, directeur de l'OMC.

Le processus de délocalisation, d'outsourcing comme on dit dans les entreprises, arrive à maturité. La Chine se tourne davantage vers son marché domestique, l'Union Européenne se décide à controler les investissement étrangers stratégiques, les entreprises occidentales sont moins promptes à conquérir des marchés émergents moins prometteurs.      

Pas de démondialisation en marche

Tout devient plus lent, réfléchi, hésitant, aussi, car les incertitudes politiques augmentent, le rejet de la mondialisation est plus fort.   

L'incertitude poltique ne fait qu'augmenter, une tendance amplifiée par le Brexit et l'élection de Donald Trump mais qui était antérieure
L'incertitude poltique ne fait qu'augmenter, une tendance amplifiée par le Brexit et l'élection de Donald Trump mais qui était antérieure
- Economic Policy Uncertainty Index

Donald Trump accentue ce phénomène de ralentissement du commerce mondial, cette slowbalisation, mais il n'en est pas à l'origine.  C'est un analyste neerlandais qui a trouvé le terme de Slowbalisation. L'hebdomadaire britannique The Economist lui a consacré sa une fin janvier, les Québécois ont traduit MOUDIALISATION, mondialisation molle en gros, mais mondialisation toujours.      

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Un retour en arrière semble peu probable.    

Le prix des transports continue de baisser, avec les cryptomonnaies on peut faciliter les échanges commerciaux car on sécurise les transactions plus simplement. Les moyens de télécommunications permettent aujourd'hui de livrer partout dans le monde depuis partout dans le monde... tout cela ne va pas dans le sens d'une démondialisation, selon Christophe Barraud, chef économiste de Market Securities, une société de courtage.

Sauf catastrophe imprévue... ou conflit commercial généralisée.   L'organisation mondiale du commerce a d'ailleurs imaginé ce scénario dans son rapport. Si tous les pays imposaient des tarifs douaniers de façon unilatérale, le PIB mondial chuterait de 2% et le commerce mondial de 17%... soit autant qu'en 2009 après la crise financière. 

Autrement dit un protectionnisme débridé, à supposer qu'il soit sans guerre, aurait les mêmes conséquences qu'une dérégulation financière débridée. Ce qui n'est pas à souhaiter mais au moins peut être à méditer.   

Marie Viennot

L'équipe