16% : c’est le pourcentage de femmes ayant reçu des étoiles Michelin le 21 janvier 2019, sur les 75 macarons distribués par le guide rouge.
Alors, pour ne pas avoir l’air chagrine, je vais souligner que c’est une proportion de femmes inédites parmi les étoilés du guide rouge.
Pour rappel, en 2016, elles étaient…zéro, et en 2018, 2 sur 57 .
Mais en y regardant de plus près, on reste un peu sur notre faim.
Car comme chacun sait, le graal, ce sont les 3 étoiles, or cette année, seuls deux hommes ont reçu cette récompense suprême : Laurent Petit (Le clos des Sens à Annecy) et Mauro Colagreco (le Mirazur à Menton). Anne-Sophie Pic, seule femme triplement étoilée en France depuis 2007, reste donc la seule représentante du sexe féminin sur le haut du podium.
Deux étoiles : combien sont-elles à les avoir ?
Ne nous emballons pas ! Seule Stéphanie Le Quellec affiche deux étoiles sur sa veste de cheffe depuis ces derniers jours alors que franchement, ça fait longtemps qu’elle aurait pu les décrocher.
Les autres cheffes primées plafonnent à une étoile sur tout le territoire, et on ne peut que le déplorer. Parce qu’il existe plus de 500 femmes chefs de qualité en France et qu’à ce rythme-là, il va falloir attendre l’an 3000 pour atteindre la parité.
Qui sont donc ces cheffes qui ont décroché ce « tiers de graal » ?
Je vous propose un petit tour de France pour vous les présenter.
Commençons par la Bretagne puisque trois cheffes y ont été primées, ce qui est une grande première ! À Plougonvelin, dans le Finistère, Nolwenn Corre a repris l’affaire familiale : l’Hostellerie de la pointe St Mathieu. Sa cuisine met en valeur les extraordinaires produits de la mer de ce bout du monde. Tout comme celle de Laetitia Cosnier, récompensée pour les plats qu’elle cuisine à quatre mains avec son mari Stéphane. Moi je rêve de leur mi-cuit de langoustines au kari-gosse, un mélange d’épices créé par un pharmacien au 19è siècle à Lorient, ancien comptoir de la compagnie des Indes, et qui a bercé mon enfance. Je vous en reparlerai un jour… À Rennes, c’est la cheffe Virginie Giboire qu’il faut aller voir ; dans son restaurant Racines, elle célèbre les noces du foie gras, du vin rouge et de la betterave. Au Nord, chez Rozo, au cœur de Lille, on a envie de dévorer les desserts de Camille Pailleau. Ça vous dirait, un vacherin glacé au pamplemousse, thé matcha et poivre Timut ? Après ça, on descend en piqué sur l’île de France, où l’on a de merveilleuses découvertes à faire. À Pontoise, je vous conseille L’Or q’Idée, la table de Naoëlle d’Hainaut : vous risquez de la reconnaître, puisque, tout comme Stéphanie Le Quellec, elle a gagné un célèbre concours télévisé de cuisine. Aujourd’hui, elle fait la joie de ses clients avec ses oignons en croûte de pain aux noix et autres pigeons laqués au miel de fleurs sauvages… À Paris, où les talents se bousculent, c’est l’embarras du choix : chez Baïeta, la très jeune Julia Sedefdjian cuisine façon méditerranéenne. Chiho Manzaki, chez Virtus, apporte sa touche céleste aux recettes qu’elle met au point chaque jour avec Marcelo di Giacomo. Tandis que Ayumi Sugiyama fait des bulles de chocolat blanc au sorbet de persil dans son restaurant Accents, dont elle partage les fourneaux avec Romain Mahi. Pour finir, je vous emmène dans le Haut-Languedoc, chez Amélie Darvas et Gaby Benicio, deux jeunes femmes qui ont redonné vie à un presbytère en y établissant leur restaurant, l’été dernier. Dans cet environnement magnifique, elles ont créé un potager bio et proposent des plats de haute tenue comme les petits coussins de maïs violet à la crème fumée ou les tagliatelle de seiche au chorizo.
Bref, elles sont toutes formidables, et elles méritent mille fois leurs étoiles. Mais j’ai quand même envie de demander aux instances du Guide Michelin de faire un effort, afin que l’année prochaine, je ne puisse plus citer toutes les cheffes étoilées dans une chronique de trois minutes. Chiche ?
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