Jean-Martin Fortier, le maraîcher révolutionnaire

Jean-Martin Fortier, ou l'agriculture biologique heureuse et nourricière.
Jean-Martin Fortier, ou l'agriculture biologique heureuse et nourricière.  - Jean-Martin Fortier officiel
Jean-Martin Fortier, ou l'agriculture biologique heureuse et nourricière. - Jean-Martin Fortier officiel
Jean-Martin Fortier, ou l'agriculture biologique heureuse et nourricière. - Jean-Martin Fortier officiel
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Cet agriculteur québécois est le visage souriant de l'agriculture biologique rentable, nourricière et heureuse.

Je vais vous parler de quelqu’un qui ne sera pas au Salon, mais qui représente ce que l’agriculture pourrait - devrait être aujourd’hui. Il s’appelle Jean-Martin Fortier et c’est, selon moi, un véritable révolutionnaire de la terre. Il est Québécois et il a créé, il y a 20 ans, une petite ferme maraîchère à une heure au sud de Montréal, juste à la frontière du Vermont : les Jardins de La Grelinette (du nom d’un outil pour ameublir la terre sans la retourner). Sur moins d’un hectare, sa ferme compte un étang, des haies, des arbres, et beaucoup, beaucoup de légumes, cultivés selon des méthodes dites « bio-intensives », c’est à dire une production dense, foisonnante, des rotations de cultures sur des petites surfaces, le tout sans aucun intrant chimique. Le secret, c’est du travail et de l’organisation, bien sûr, mais surtout pas de tracteur : c’est ainsi que Jean-Martin, sans se ruiner en équipement high-tech, a pu créé 4 emplois, et nourrir, avec une surface plus petite qu’un terrain de foot, près de 200 personnes chaque semaine, générant jusqu’à 100 000 dollars de chiffre d’affaires, tout en prenant 1 à 2 mois de vacances par an (en hiver, forcément) et en faisant bénéficier tous les travailleurs de sa ferme d’une vraie qualité de vie. Pas sûr que les agriculteurs conventionnels ou industriels puissent en dire autant. 

Même s’il a les mains dans la terre depuis 20 ans, Jean-Martin Fortier est ce qu’on appelle un « néo-paysan ». Il n’est pas du sérail : il a grandi en milieu urbain, avec des parents qui, selon ses dires, « n’en avaient que faire de comment on se nourrit ni de l’avenir de la planète. » Mais lui aime la nature, étudie l’écologie, veut « contribuer à un monde meilleur », et décide au début des années 2000 de monter sa micro-ferme bio avec sa compagne Maude-Hélène. Ils s’inspirent énormément des préceptes d’Eliot Coleman, paysan pionnier aux Etats-Unis, qui milite pour l’implantation de petites fermes bio sur tous les territoires. Le même qui, en France, a inspiré la fameuse ferme du Bec-Hellouin en Normandie. Au Québec, Fortier est devenu une star : son manuel très technique « Le jardinier-maraicher », s’est vendu à près de 200 000 exemplaires. Il vient de faire l’objet d’une série télévisée en 20 épisodes intitulée « Les Fermiers ». Et sa masterclass en ligne fait un tabac. 

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Ce n’est pas tout : il y a cinq ans, Jean-Martin Fortier s’est lancé un nouveau défi : créer une ferme bio à plus grande échelle, qui soit aussi rentable que nourricière et régénératrice pour la terre. C**’est la ferme des Quatre-Temps, qui forme chaque année une dizaine de nouveaux fermiers, et produit de magnifiques légumes, viandes et œufs sur 60 hectares au total, en montrant ce à quoi pourrait ressembler la ferme de demain.** Car pour Fortier, le modèle agricole actuel est un « cul de sac ». Il est urgent de tout réinventer, et de prouver que ça peut marcher. A ceux qui disent que ce n’est pas avec des micro-fermes bio qu’on nourrira tout le monde, il rétorque,  « si, justement ». Ce sont déjà les fermes familiales qui, dans le monde, nourrissent vraiment les gens. Et d’ailleurs, la question n’est pas de nourrir le monde entier : ce qu’il faut, c’est subvenir aux besoins de sa communauté. Si l’on multiplie les petites fermes comme la sienne partout, toutes les communautés auront à manger… C’est aussi simple que ça, et ce serait ça, la vraie révolution agricole !

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