Les réseaux sociaux sont-ils la nouvelle caverne de Platon ?

Les réseaux sociaux sont-ils la nouvelle caverne de Platon ?
Les réseaux sociaux sont-ils la nouvelle caverne de Platon ? ©Getty -  CSA Images
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Pour voir le vrai, le beau et le bien subir les pires outrages, il suffit d’aller sur les réseaux sociaux. Mais parfois, raconte Platon, un philosophe sort de la caverne, contemple les idées, et revient apporter la lumière à ses amis et followers... !

La caverne de Platon où des idées partielles et désarticulées se baladent péniblement sur une paroi humide et grumeleuse. Pour voir le vrai, le beau et le bien, subir les pires outrages, il suffit ainsi d’aller sur les réseaux sociaux.
Mais parfois, raconte Platon, un philosophe sort de la caverne, contemple les idées, et revient apporter la lumière à ses amis et followers.
C’est comme cela en tout cas, sur twitter, que je suis tombé l’autre jour sur cette blague lumineuse

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“Twitter est une grille de recherche par force brute qui explore l’espace de toutes les choses stupides qui peuvent être dites et qui sélectionne les plus stupides.”

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Commentaire laconique laissé en réponse à un tweet qui se demandait si le mouvement Black Lives Matters savait que les antifas étaient historiquement des alliés de Hitler.
Le point Goodwin comme épiphanie spirituelle : moi aussi, je suis capable d’intégrer les nazis à ma vision du monde.
Le point Goodwin, d’ailleurs, dans sa formulation originale, convoque les probabilités : plus une conversation dure plus la probabilité que les nazis interviennent se rapproche de un.

Du point Godwin et des probabilités

Une attaque par force-brute, en cryptanalyse, consiste à tester une à une toutes les combinaisons possibles, à parcourir tout l’espace des probabilités. 999, par exemple, dans le cadre d’un antivol de vélo basique : ça peut être réglé en moins d’une heure. Plusieurs milliards de milliards d’années, pour un mot de passe avec des majuscules et des caractères spéciaux, quand l’espace des probabilité est très grand.
Inutile d’ailleurs d’utiliser un générateur de mot de passe, notre esprit est capable de fournir cet effort sans trop de difficulté : c’est ce que démontre twitter...

Physionomie d’un tweet-clash

On a l'impression qu’on teste des choses. Qu’on cherce à craquer le code. De la bienséance ou de la démocratie. Ainsi, récemment, de cette association imprévue entre une cuisinière blogueuse et les attentats de New-York — association quasi aléatoire, attaque du bon sens par force brute. Ca avait très peu de chance de marcher. Mais ça a pris, extraordinairement. C’est comme si une sorte de brèche était apparue. La chaîne de caractère qui est venue tout déclencher frôlait pourtant l’aléatoire parfait d’un mot de passe idéal : “11 septembre”.

Peut-être manquait-il seulement la majuscule à septembre. Mais c’était bien le bon mot de passe, l’attaque par force brute a fonctionné, le réseau s’est emballé tout seul. Un cas d’école.
Il a suffi d’agiter quelques ombres, celles des tours fantômes, de remuer un voile et c’est toute notre conception raisonnée et démocratique du champ politique qui a dégringolé dans la caverne.

S’en s’ont suivies, en l'occurrence, les traditionnelles insultes, menaces de mort et saluts républicains ambigus à la journaliste — le tout déverrouillé par ce seul le tweet.
Rarement on aura vu agitatrice si paresseuse ou héroïne de la liberté d’expression si taciturne. Le tout au service de la dialectique épuisante du "on peut tout dire" et du “on ne peut plus rien dire”.

Ce qui nous ramène au fonctionnement même de twitter, machine à traiter de l’information, c’est à dire à produire, ou à privilégier, des messages d’un certain type, entre le chaos de l’invective — on peut tout dire — et la sérénité inutile de la tautologie — on ne plus rien dire.
Le racisme et l’antiracisme comme positions également vaines, du point de vue de la théorie information.
Autrement dit twitter comme machine à sélectionner dès l’opinion est juste assez outrancière pour être remarquée, mais encore assez mainstream pour être débattue.
Le point d’équilibre entre le cri de haine aléatoire et le programme politique détaillé.
Entre l’aléatoire complet des mots de passe et la probabilité certaine de la référence aux nazis.