Goliarda et l'art de la joie

Goliarda Sapienza
Goliarda Sapienza ©Getty - Photo by Fine Art Images/Heritage Images/Getty Images
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L'Art de la joie, refusé par les maisons d'édition du vivant de son auteur, a été redécouvert en France et signe le talent d'écrivain de Goliarda Sapienza.

Avec

Nous sommes avec Frédéric Martin, fondateur et directeur des éditions Le Tripode, pour retracer l'histoire singulière de la publication de l'Art de la joie de Goliarda Sapienza et parler de cette immense fresque qui met en scène des personnages mus par la vivacité de leurs désirs et qui fait le portrait d'une Sicile brûlante dans la première moitié du XXe siècle. 

Nous revenons avec lui sur l'histoire éditoriale sans précédent de l'Art de la joie, découverte en France par l'intermédiaire d'une éditrice allemande au début des années 2000, alors que Goliarda Sapienza est morte depuis quatre ans et que son texte a été refusé par de nombreuses maisons en Italie de son vivant - mais publié de façon très fragmentée chez Stampa Alternativa en 1994. 

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Si le roman peut choquer par certains aspects - moraux, sexuels, religieux, surtout si l'on pense au contexte de l'Italie des années de plomb, il est avant tout le récit d'une formidable aventure qui captive son lecteur. Le personnage de Modesta est animée d'une force vitale qui la mène à connaître le monde sous tous ses aspects : l'amour y est vu à la fois comme un art et une puissance à laquelle on ne peut échapper, la politique et l'engagement antifasciste se vivent à domicile, les générations d'enfants se mêlent et aspirent à la liberté. L'Art de la joie est aussi un roman de la transgression et du dévoilement des tabous - inceste, assassinat, rapports ambigus avec la religion... L'écriture de Goliarda Sapienza est à la mesure de cette puissance de vie : elle mélange sicilien et dialectes, scènes théâtrales et flux de pensée. 

Après l'Art de la joie, Goliarda Sapienza retrouve la voie de l'écriture par l'intermédiaire du journal. Ses Carnets sont désormais publiés par les éditions du Tripode, et confirment son talent d'écrivain. On y découvre ses lectures, les personnages de l'Italie de l'après-guerre qu'elle fréquente : Morante, Moravia, Visconti; ses voyages, son expérience de la prison, et on retrouve la justesse et la sincérité de ton d'une femme qui a su faire une oeuvre à partir des "certitudes du doute" qui l'animent. 

Pour aller plus loin : Goliarda Sapienza interviewée par Enzo Biagi à la télévision, à propos de son séjour à la prison de Rebibbia. Elle parle de ses rencontres avec des personnes pleines de fantaisie, de chants et de désirs, dans un endroit qui est une sorte de theatrum mundi, un monde en miniature, un village. 

A 15h30 : la chronique littéraire nous est présentée par Frédéric Maget, président de la société des amis de Colette.

A 15h55 : Jacques Bonnaffé termine ses lectures du jeune auteur de poésie Antoine Mouton

MUSIQUE GÉNÉRIQUE : Panama, de The Avener (Capitol) fin : Dwaal, de Holy Stays (Something in Construction)

MUSIQUE CHRONIQUE : Self portrait de Chilly Gonzales (Gentle threat)

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