L'écriture politique comme un art : épisode 3/4 du podcast George Orwell, écrivain politique

1984
1984 ©Getty
1984 ©Getty
1984 ©Getty
Publicité

Nous découvrons pour cette troisième émission l'aspect politique de l'écriture d'Orwell, une écriture engagée, révoltée de laquelle a émergé le roman le plus connu de l'auteur.

Avec

Pour cette avant-dernière émission de la série consacrée à George Orwell, nous recevons Jean-Jacques Rosat, auteur d’un ouvrage qui réunit 14 textes politiques d’Orwell, publié en 2009 aux éditions Agone.

La lutte des classes

La lutte des classes est au fondement de la pensée de 1984.  Mais elle se dessinait déjà dans les premiers textes de l'auteur puisque certains d’entre eux ont été publiés bien avant la parution de l’œuvre engagée, sous le vrai nom de l’écrivain : Éric Arthur Blair. Orwell se révèle être un écrivain politique aux convictions profondes, ancrées dans une pensée de lutte sociale au profit de l’ouvrier, du colonisé, de l’exploité :

Publicité

Mais ces gens-là, qui sont nés dans l’intelligentsia aisée et sentent dans leurs os qu’ils appartiennent à une classe privilégiée, ne sont pas vraiment capables de prévoir ce genre de choses. La guerre a lieu sur le papier et ils sont donc capables de décider que telle ou telle guerre est "nécessaire" sans ressentir plus de danger personnel qu’en déplaçant une pièce d’échecs. 

Notre civilisation produit deux types de personnes en quantités toujours plus grandes, le gangster et la tapette.
Jean-Jacques Rosat, George Orwell, écrits politiques, Agone

L’ensemble des textes est écrit avec cette même verve. Ses prises de parti sont manichéistes, intransigeantes. Il critique avec virulence ceux qu’il appelle les intellectuels, les riches et qu’il désigne comme coupables de l’exploitation des travailleurs.

Le prolétariat armé

La plume de l’écrivain est plus que sa propre arme, un appel à la révolte de tout un peuple, mis en exergue par l'écriture en lettres capitales qui confère au texte un caractère grave et urgent.

Les États totalitaires peuvent faire de grandes choses, mais il y a une chose qu’ils ne peuvent pas faire : ils ne peuvent pas donner un fusil à l’ouvrier d’usine et lui dire de le rapporter chez lui pour le mettre dans sa chambre à coucher. CE FUSIL ACCROCHÉ AU MUR DE L’APPARTEMENT DE L’OUVRIER OU DANS LA MAISON DU PAYSAN EST LE SYMBOLE DE LA DÉMOCRATIE. NOTRE TÂCHE EST DE VÉRIFIER QU’IL EST TOUJOURS LÀ (Jean-Jacques Rosat, George Orwell, écrits politiques, Marseille, Agone, 2009)

Vers la décolonisation 

Mais il dénonce pareillement ce même ouvrier lorsqu’il se fait complice de la colonisation. Nous nous souvenons qu’Orwell a gardé de son expérience en Birmanie, le souvenir de Britanniques s’y comportant en colons triomphateurs, d’une société clivée, issue de plusieurs siècles de pensée raciste :

La classe ouvrière est tout aussi impliquée dans l’exploitation de la main-d’œuvre de couleur que n’importe qui d’autre mais, pour autant que je le sache, nulle part dans la presse britannique des vingt dernières années – en tout cas dans la presse qui pourrait être lue par le grand public – ce fait n’a été admis de façon claire et personne n’en a parlé ouvertement. (Jean-Jacques Rosat, George Orwell, écrits politiques, Marseille, Agone, 2009)

15 h 30 : CHRONIQUE DES REVUES :  Maïalen Berasategui du Magazine littéraire.

MUSIQUE GÉNÉRIQUE: Panama, de The Avener (Capitol) fin : Dwaal, de Holy Stays (Something in Construction).

MUSIQUE CHRONIQUE: Self portrait de Chilly Gonzales (Gentle threat).