La mémoire et l'oubli : épisode 4/4 du podcast Patrick Modiano

Modiano pose devant les journalistes le 20 novembre 1978, tenant son roman entre les mains, Rue des boutiques obscures.
Modiano pose devant les journalistes le 20 novembre 1978, tenant son roman entre les mains, Rue des boutiques obscures. ©AFP - Michel Clément
Modiano pose devant les journalistes le 20 novembre 1978, tenant son roman entre les mains, Rue des boutiques obscures. ©AFP - Michel Clément
Modiano pose devant les journalistes le 20 novembre 1978, tenant son roman entre les mains, Rue des boutiques obscures. ©AFP - Michel Clément
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Pour clore cette série sur l’écriture de Patrick Modiano, nous analysons deux de ses romans publiés au début des années 2000. Nous évoquons à travers eux, la thématique de la douleur et, comme à l'accoutumée, dans les œuvres de Modiano, celle de l'autofiction.

Avec
  • Eric Marty Ecrivain, essayiste et professeur de littérature française à l’Université Paris Diderot-Paris 7
  • Claude Burgelin universitaire, spécialiste de Georges Perec

Notre invité Claude Burgelin, a analysé les noms d'écrivains et s’est aussi penché sur un écrivain de la mémoire... ou bien celle de l’oubli : Georges Pérec.

M ou le souvenir immémorial

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A travers deux romans de Modiano : La petite Bijou et Accident nocturne, publiés à deux ans d’intervalle, le premier en 2001, le second en 2003, nous remarquons que l’héroïne du premier n’a qu’un surnom, mais pas de nom, elle ne sait d’ailleurs plus comment elle s’appelle, et dans le second roman, les aires et les ères se mêlent. Processus habituel chez Modiano, la confusion est l’ordre, celle des genres le devient aussi. 

Petite Bijou sans « e »

Modiano s’est glissé dans la peau d’un personnage féminin, jeune adulte, qui dit « je ». Et il a retrouvé en elle, une sœur, une jumelle comme il le dit. Il y a comme un air de famille entre les deux, Modiano n’a eu de cesse de se récréer des liens, d’imaginer ceux qu’il avait perdus à la mort de son jeune frère, de s’imaginer des membres d’une famille et vivre avec eux. Dans cette identification totale du créateur à son personnage, le « p’tit bijou » si l’on écrit le surnom sans la lettre « e », n’est plus un petit objet de parure, un p’tit truc sans réelle valeur, mais ce qu’il a de plus précieux.

Paris sans lumière

Le roman Accident nocturne s’ouvre sur un accident de la route, un soir, tard et sans date à Paris, place de la Concorde. Une femme, Jacqueline Beausergent, en sort indemne mais choquée, elle tient à peine sur ses jambes. La conductrice devient l’objet de l’enquête du livre, il faut la retrouver. Cette collision entre deux véhicules au cœur de la ville lumière la nuit nous rappelle l’accident dont a été victime Modiano, enfant, renversé par une voiture. Il a repris ses sens par l’odeur si particulière de l’éther qu’on lui a passée sous le nez, il est revenu à lui. C’est peut-être ce qu’il faut lire dans le symbole de la place dans cette écriture. La place de l’Étoile du nom d’un autre de ses romans et celle de la Concorde, deux grandes places parisiennes, deux grands carrefours. La figure du cercle marque la possibilité de toujours revenir au point de départ, à soi.  

À 15h30, l'écrivain et essayiste Eric Marty nous rejoint pour la chronique. 

MUSIQUE GÉNÉRIQUE : Panama, de The Avener (Capitol) fin : Dwaal, de Holy Stays (Something in Construction).

MUSIQUE CHRONIQUE : Self portrait de Chilly Gonzales (Gentle threat).

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