C'est à Jérôme Lindon, qui a porté les Editions de Minuit, nées de la Résistance, pendant plus de cinquante ans, que nous consacrons la deuxième émission de notre série retraçant les parcours d'une génération d'éditeurs.
- Anne Simonin Historienne, chercheuse au CNRS
- Marianne Payot Journaliste à l'Express
Anne Simonin, directrice de recherche au CNRS, retrace avec nous l'histoire singulière des Editions de Minuit, ancrées dans les combats politiques de leur temps, et portées par la figure de Jérôme Lindon qui entretenait un rapport singulier avec ses auteurs. Notre invitée a publié Les Editions de Minuit : 1942-1955, le devoir d'insoumission (IMEC, coll. "L'édition contemporaine", 1994, augmentée en 2008) et Le Droit de désobéissance, Les Editions de Minuit en guerre d'Algérie (Minuit, 2012). Les Editions de Minuit sont nées dans la clandestinité, avec pour ouvrage emblématique Le Silence de la mer de Jean Bruller, alias Vercors. Ce dernier se lance, avec Pierre de Lescure, dans une littérature clandestine en réaction aux "Listes Otto" imposées sous l'Occupation, le projet éditorial étant de "témoigner aux yeux du monde de la constance spirituelle d'une France qui n'a pas démissionné". Comment les Editions de Minuit sont-elles sorties de la guerre, comment est-on passé de la Résistance au Nouveau Roman ? C'est ce dont nous parlons avec notre invitée aujourd'hui.
Vercors, à la fin de la guerre, engage la maison sur la voie de la publication d'oeuvres de la Résistance. Mais Georges Lambrichs, proche de Jean Paulhan et admirateur de la NRF, cherche plutôt à se positionner par rapport à Gallimard en récupérant les textes refusés. A ses côtés, un jeune typographe, âgé de 21 ans seulement : Jérôme Lindon, à la tête de la maison jusqu'à sa mort en 2001 (c'est aujourd'hui Irène Lindon, sa fille, qui poursuit le travail éditorial). C'est autour de la figure de Jérôme Lindon que les Editions de Minuit renaissent, notamment grâce à un auteur en particulier : Samuel Beckett. Lindon publie Molloy en 1951, en pariant sur un inconnu qui obtiendra le Prix Nobel de Littérature en 1969. Il apprend au fil du temps le métier d'éditeur, et tisse un lien singulier avec ses auteurs. On dit aujourd'hui qu'il y a des "auteurs Minuit", parmi lesquels on peut compter Michel Butor, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Marguerite Duras...
Nous abordons également dans cette émission la continuité ambivalente du combat entre la Résistance et la guerre d'Algérie, puisque Jérôme Lindon est impliqué dans le procès du réseau Jeanson et signataire du Manifeste des 121. Nous faisons ainsi le portrait d'un éditeur engagé, raconté en 2001 par Jean Echenoz, l'un de ses auteurs, dans un petit récit intitulé Jérôme Lindon ; et d'une maison qui continue de vivre et de proposer des oeuvres saluées par ses lecteurs.
A 15h30 : la chronique littéraire de Marianne Payot de L'Express.
A 15h55 : suite du "salon de beauté" de Jacques Bonnaffé à l'occasion du Printemps des poètes : "La Beauté perdue".
MUSIQUE GÉNÉRIQUE : Panama, de The Avener (Capitol) fin : Dwaal, de Holy Stays (Something in Construction)
MUSIQUE CHRONIQUE : Self portrait de Chilly Gonzales (Gentle threat)
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