La langue de Toni Morrison est sarcastique par moments, drolatique également, souvent tragique, ironique aussi. Pour cette troisième émission, nous sommes au cœur de ce langage que l’auteure prolifique nous apprend à parler.
- Annie-Paule Mielle de Prinsac Docteure en littérature
- Michel Crépu Ecrivain, essayiste, rédacteur en chef de la NRF.
Frêles épaules
Annie-Paule Mielle de Prinsac a analysé l’œuvre de Toni Morrison en rapport avec la problématique de l’identité dont les sources remontent à la Genèse biblique, à sa Genèse :
En parodiant la Genèse, Morrison met en lumière la fragilité, la complexité et l’interdépendance des liens humains, sociaux et raciaux, dans le monde qui est le nôtre. Annie-Paule Mielle de Prinsac, De l'un à l'autre, l'identité dans les romans de Toni Morrison, Editions universitaires de Dijon, 1999, p.113
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Ces liens, Toni Morrison les décrit tout en subtilité, non sans une certaine note humoristique :
La conception que Romen avait du lavage de voiture n’incluait pas l’ouverture des portes, si bien que l’extérieur de l’Oldsmobile étincelait, alors que l’habitacle sentait comme une voiture bien plus belle que celle-là, et à cause d’une odeur, justement. Elle avait alors voulu détruire le véhicule, ainsi que tout ce qu’il pouvait représenter, mais elle avait surtout concentré ses efforts sur ce White Shoulders, ce parfum qui lui attaquait les sinus et venait se déposer sur sa langue. Toni Morrison, Love, Paris, Bourgois, 2003, p.131.
Ce parfum au nom improbable « Épaules blanches » envahit le personnage de Romen, son habitacle, son espace, comme un regard insistant, un jugement permanent. Il s'insinue dans sa vie et lui interdit de s'en détacher. Romen est constamment sous l’emprise de cette odeur dont le nom rappelle celui d'un concept sociologique développé par Robin DiAngelo : "white fragility", la fragilité blanche et l’expression de « white gaze », le regard blanc, que Toni Morrison évoquait déjà en 1998 :
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À 15 h 30, la chronique littéraire nous est présentée par Michel Crépu de la Nouvelle Revue Française.
À 15 h 55, Jacques Bonnaffé analyse le rythme de la poésie de Fernando Pessoa/Alberto Caeiro, sans se préoccuper des rimes.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE : Panama, de The Avener (Capitol) fin : Dwaal, de Holy Stays (Something in Construction).
MUSIQUE CHRONIQUE : Self portrait de Chilly Gonzales (Gentle threat).
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