"Lolita, lumière de ma vie" : épisode • 3/4 du podcast Vladimir Nabokov

Sue Lyon et James Mason sur le tournage du film "Lolita" de Stanley Kubrick, sorti en 1962
Sue Lyon et James Mason sur le tournage du film "Lolita" de Stanley Kubrick, sorti en 1962 ©Getty - Photo by Seven Arts Production/Sunset Boulevard/Corbis via Getty Images
Sue Lyon et James Mason sur le tournage du film "Lolita" de Stanley Kubrick, sorti en 1962 ©Getty - Photo by Seven Arts Production/Sunset Boulevard/Corbis via Getty Images
Sue Lyon et James Mason sur le tournage du film "Lolita" de Stanley Kubrick, sorti en 1962 ©Getty - Photo by Seven Arts Production/Sunset Boulevard/Corbis via Getty Images
Publicité

Le sulfureux roman d'amour de Nabokov, adapté par Stanley Kubrick au cinéma, est au programme de cette émission.

Avec
  • Michel Crépu Ecrivain, essayiste, rédacteur en chef de la NRF.
  • Didier Machu Professeur de littérature et art des Etats-Unis à l'université de Pau et des Pays de l'Adour

Pour évoquer l'oeuvre la plus célèbre de Nabokov, nous sommes avec Didier Machu, professeur de littérature et art des Etats-Unis à l'université de Pau et des Pays de l'Adour. Il a consacré plusieurs ouvrages et textes à ce roman, notamment Lolita ou le tyran confondu, paru aux Presses Universitaires de Lyon en 2010. 

Lolita est aujourd'hui devenue une légende : c'est le roman qui a fait la célébrité de Nabokov. L'histoire de sa publication montre bien que le livre a choqué les esprits, et continue de le faire : refusé aux Etats-Unis, c'est Olympia Press, maison alors dirigée par Maurice Girodias, qui le publie en 1955. Il paraît trois ans plus tard aux Etats-Unis, et se vend à des millions d'exemplaires dans le monde entier. 

Publicité

Il s'agit pourtant, comme nous le voyons avec notre invité, d'un livre marqué du sceau de la duplicité et de la manipulation : manipulation des personnages entre eux, mais aussi et surtout manipulation du lecteur par le narrateur. On peut donc en partie expliquer le phénomène Lolita par l'attraction qu'exerce l'écriture sur son public, cela étant accentué par la mise en scène qui entoure le récit d'Humbert - avec une préface et une postface qui jouent des contradictions, en évoquant un "carnet noir", le journal d'Humbert, que l'on découvre par bribes au fil du roman.

Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-li-ta : le bout de la langue fait trois petits bonds le long du palais pour venir, à trois, cogner contre les dents. Lo. Li. Ta. Elle était Lo le matin, Lo tout court, un mètre quarante-huit en chaussettes, debout sur un seul pied. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l’école. Elle était Dolorès sur le pointillé des formulaires. Mais dans mes bras, c’était toujours Lolita. - Les premières lignes du roman Lolita 

Le récit des amours d'Humbert pour les "nymphettes" est marqué par une intertextualité poétique recherchée (notamment avec des poèmes d'Edgar Poe, mais aussi avec Dante et Pétrarque), et fait preuve d'un lyrisme élégiaque et brillant dans la reconstitution des souvenirs. Mais Lolita nous parle aussi de la confrontation entre deux mondes, deux cultures : le vieux continent européen d'un côté, l'Amérique à la fois puritaine et libertaire de l'autre. 

Nous parlons également de l'adaptation du roman de Nabokov par Stanley Kubrick, accueilli, comme on peut le voir sur les affiches du film qui ont ironiquement détourné les propos de la presse, par la question : "Comment ont-ils pu faire un film de Lolita?". A son tour, le film doit faire face à la censure. Il marque un tournant dans l'oeuvre cinématographique de Kubrick, et déplace certains aspects du roman vers d'autres problématiques, avec notamment des jeux sur les codes du cinéma, en posant la question de l'adaptation d'un chef-d'oeuvre littéraire sur le grand écran. 

A réécouter pour aller plus loin : l'émission des Chemins de la philosophie consacrée à la figure de Lolita. 

A 15h30 : en compagnie des revues, avec Michel Crépu, écrivain, essayiste, rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Française. Il nous parle des notes de lecture de la NRF, et notamment d'un article de Boris Bergmann à propos des Lettres de guerre de Jacques Vaché. 

A 15h55 : suite des lectures du recueil Comme un bal de Fantômes d'Eric Poindron par Jacques Bonnaffé

MUSIQUE GÉNÉRIQUE : Panama, de The Avener (Capitol) fin : Dwaal, de Holy Stays (Something in Construction)

MUSIQUE CHRONIQUE : Self portrait de Chilly Gonzales (Gentle threat)

L'équipe