Une lecture historienne de Barbey : épisode 4/4 du podcast Jules Barbey d'Aurevilly

Jeune espagnole peinte par Constantin Guys (1802-1892), le "peintre de la vie moderne" de Baudelaire.
Jeune espagnole peinte par Constantin Guys (1802-1892), le "peintre de la vie moderne" de Baudelaire.  - Washington, The Phillips collection
Jeune espagnole peinte par Constantin Guys (1802-1892), le "peintre de la vie moderne" de Baudelaire. - Washington, The Phillips collection
Jeune espagnole peinte par Constantin Guys (1802-1892), le "peintre de la vie moderne" de Baudelaire. - Washington, The Phillips collection
Publicité

"La vengeance d'une femme", l'une des "Diaboliques" de Barbey, fait l'objet d'une lecture historienne qui nous apprend sur les pratiques de lecture et les usages sociaux de l'auteur et de la société de son époque.

Avec

Judith Lyon-Caen, directrice d'études et maître de conférences à l'EHESS, spécialiste des liens entre littérature et histoire, éditrice des Romans de Barbey dans la collection "Quarto" en 2013, a paru chez Gallimard en 2019 La griffe du temps. Ce que l'histoire peut dire de la littérature. Elle s'intéresse en particulier à une nouvelle issue des Diaboliques de Barbey : La vengeance d'une femme

Dans cette nouvelle, qui raconte l'histoire de la femme d'un grand d'Espagne qui veut se venger après la terrible mort de son amant sous ses yeux, les couleurs tirent vers le rouge, l'ocre, le jaune. Notre invitée entend montrer "ce que l'histoire peut dire de la littérature", en soulignant que le texte de Barbey offre un fin feuilletage temporel, et dit quelque chose d'un passé qui parvient jusqu'à nous. Ce passé, c'est celui des pratiques sociales et des usages en vigueur à l'époque de Barbey, notamment en ce qui concerne l'histoire de la prostitution. On assiste à la création d'un topos littéraire, depuis La Fille aux yeux d'or de Balzac, présente en creux dans le texte aurevillien, jusqu'à la Nana de Zola. La complexité de la temporalité à l'oeuvre chez Barbey se cristallise dans l'image d'un mystérieux bronze ancien, qui rappelle également l'histoire des images licencieuses... 

Publicité

Il faut aussi garder en tête le vers baudelairien, qui nous dit dans le poème "Le Cygne", au détour d'une promenade parisienne, que : 

Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville  
Change plus vite, hélas ! que le cœur d'un mortel) 

La géographie parisienne porte l'empreinte silencieuse, le coup de "griffe" des grands travaux haussmanniens et la construction en creux d'une mémoire. A travers La vengeance d'une femme, l'on perçoit ainsi la construction d'une écriture romanesque lue au prisme des bouleversements historiques que connaît Barbey lui-même. 

A 15h30 : la chronique de Jean-Louis Jeannelle, professeur de littérature française des XIXe et XXe siècles à l'Université de Rouen. 

A 15h55 : Jacques Bonnaffé termine cette semaine par un écho à Du Bellay, avec le recueil Sans adresse de Pierre Vinclair, qui propose des sonnets autour de l'exil du poète. 

MUSIQUE GÉNÉRIQUE : Panama, de The Avener (Capitol) fin : Dwaal, de Holy Stays (Something in Construction)

MUSIQUE CHRONIQUE : Self portrait de Chilly Gonzales (Gentle threat)

L'équipe