
Les motifs de la modernité parcourent toute l’œuvre de Le Clézio. Nous évoquons ce que l’écrivain nous dit du monde d’aujourd’hui, en véritable « peintre de la vie moderne ».
Marina Salles (Docteur ès Lettres de l'Université de Poitiers), Alexis Brocas (Journaliste, romancier, critique et rédacteur en chef du magazine, "Lire").
Marina Salles nous aide à comprendre la conception de la modernité de J. M. G. Le Clézio. Docteure ès Lettres de l'Université de Poitiers, elle a notamment consacré deux ouvrages au prix Nobel de littérature : Le Clézio, peintre de la vie moderne, paru aux éditions L'Harmattan en 2007, et Le Clézio : notre contemporain, publié aux Presses universitaires de Rennes en 2006.
Le Clézio est un grand poète de la ville contemporaine. – Marina Salles
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Bien qu’il intente à la modernité un procès sans indulgence, Le Clézio n’est pas un écrivain passéiste qui prônerait le retour à un quelconque primitivisme.
Le Clézio n’a pas la nostalgie du passé. Il dit avoir la « nostalgie du futur » - nostalgie de tout ce que l’on n’a pas fait pour préserver la planète et la transmettre à nos enfants. – Marina Salles
Marina Salles nous parle du rapport de l’écrivain aux grandes villes, qui a évolué au fil de son œuvre.
A partir de Désert, on a l’impression qu’il trouve davantage de bonheur et de bien-être dans des sociétés qui ne sont pas totalement inféodées au progrès. Si on regarde les premiers livres, on est obligé de reconnaître que ses personnages, qui sont des marcheurs infatigables et hyperesthésiques, sont totalement agressés par le tourbillon de la ville, par les bruits, les mouvements, l’agitation incessante. Mais ils sont aussi capables d’arrêts pour percevoir la poésie de ce monde-là, même si c’est une poésie barbare. – Marina Salles
Le Clézio commente lui-même l’évolution de son rapport à la ville dans Quinze Causeries en Chine, son dernier ouvrage paru chez Gallimard en 2019.
Ce qui intéresse Le Clézio dans les villes, ce ne sont pas les monuments mais le « vortex » : le tourbillon des gens. Il aime les « villes plurielles », où les populations se croisent, se mêlent… Ce qui correspond d’ailleurs à sa recherche de l’interculturalité. – Marina Salles
L’auteur se fait alors « peintre de la vie moderne », ce qui est l’occasion d’évoquer ses liens avec l’art pictural et de grands artistes comme Georges de la Tour, Modigliani, Matisse ou encore Diego Rivera et Frida Kahlo.
Le Clézio voulait être dessinateur. Il appréhende le monde en peintre avec un grand sens de la précision et du détail. – Marina Salles
En fin d'émission, retrouvez la chronique d’Alexis Brocas, écrivain et critique au Nouveau Magazine littéraire.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)
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