Agatha Christie autrice majeure : épisode 2/4 du podcast Agatha Christie dans la bibliothèque

Agatha Christie (1890-1976) en 1940.
Agatha Christie (1890-1976) en 1940. ©Getty - Time Life Pictures
Agatha Christie (1890-1976) en 1940. ©Getty - Time Life Pictures
Agatha Christie (1890-1976) en 1940. ©Getty - Time Life Pictures
Publicité

La reine du roman policier aurait-elle accepté le surnom de "Duchesse de la mort", double hommage de notre invité du jour à son talent de romancière et à son ingéniosité dans le crime ? Afin de s'assurer qu'elle mérite bien un tel titre, nous nous penchons aujourd'hui sur l'ensemble de son oeuvre.

Avec
  • François Rivière Critique littéraire, éditeur, romancier, traducteur, biographe et scénariste de bande dessinée

Pour ce deuxième temps de notre série consacrée à Agatha Christie nous recevons François Rivière, critique littéraire, éditeur, romancier, traducteur, biographe et scénariste de bande dessinée, auteur notamment de Agatha Christie. Duchesse de la mort (Editions du Masque, 2001) et de Agatha Christie la romance du crime (La Martinière, 2012).

Elle ne se considérait ni comme une intellectuelle, malgré une culture étendue et une écriture prolifique, elle ne considérait pas non plus comme une grande écrivaine, elle qui pourtant est encore aujourd'hui l'auteure la plus lue dans le monde après son homologue britannique William Shakespeare. Entrée dans l'écriture de romans policiers par défi, Agatha Christie peut se targuer, à l'heure du bilan, d'une oeuvre pléthorique : 66 romans, 18 pièces de théâtre, 21 recueils de nouvelles, mais aussi quelques contes pour enfants, preuve s'il en est qu'elle était capable de créer dans tous les genres.

Publicité

Si on en juge par le peu de succès qu’ont eu ses romans publiés sous pseudonyme, sous le nom de Mary Westmacott, les six romans psychologiques d’une qualité inégale qu’elle a publié entre les années trente et les années cinquante, effectivement ont peut se dire qu’au fond on a voulu faire d’elle l’archétype du roman de détection et rien d’autre. C’est vrai que c’est là qu’elle s’est accomplie le plus, même si […] elle savait faire autre chose que raconter des enquêtes de Poirot et de Miss Marple. (François Rivière)

Une longue carrière de près de cinquante années que couronne un texte aussi inattendu que passionnant, une autobiographie qui épaissit peut-être davantage le mystère Agatha Christie – celui de sa fugue et de sa disparition de plusieurs jours en 1926, notamment – qu'elle ne lève d'ambiguïtés sur cette femme étonnante. Étonnante, la romancière l'était à plus d'un titre, à commencer par sa façon très cavalière de traiter ses romans, se qualifiant par exemple de « machine à faire les saucisses » auprès d'un journaliste. C'est pourtant plutôt de viande froide qu'il est question dans ses romans, où les meurtres se comptent par dizaines, ce qui fit dire à Winston Churchill que l'écrivaine était « la seule femme pour qui le crime a payé ! ».

Et de fait, avec près de 2 milliards et demi d'ouvrages vendus dans toutes les langues, il n'aura fallu que quelques générations de lecteurs pour permettre à la « reine du crime » vendre presque autant d'exemplaires que Shakespeare, seul écrivain à la dépasser en ce domaine mais qui, il est vrai, bénéficiait d'un peu d'avance.

Elle disait toujours qu’au fond elle aurait aimé être une romancière à la hauteur d’un Graham Green ou d’une Elizabeth Bowen, c’étaient deux écrivains qu’elle aimait beaucoup. Elle savait très bien qu’elle faisait de la littérature de consommation courante, de la littérature de gare, au point même que quand elle prenait le train à Paddington pour aller dans sa maison de campagne, elle se plaignait qu’à l’aubette où on vendait des livres on ne trouvait que les siens, donc elle ne pouvait même pas acheter de quoi lire pendant le voyage. Elle savait très bien où elle était et ce qu’elle faisait [...]. Elle n’avait pas du tout la prétention d’être une styliste, c’était quelqu’un qui écrivait, c’était une conteuse. (François Rivière)

Avec notre invité nous entrons dans le détail des oeuvres d'Agatha Christie, dans lesquelles il nous sera donné de croiser ses personnages emblématiques, Hercule Poirot et Miss Marple. Ce détective aussi bonhomme que perspicace et de cette enquêteuse dillettante et attachante accompagneront notre entrée dans l'univers de leur créatrice, un univers porteur d'une part d'ombre faite de meurtres, d'adultères et de trahisons. Reine de l'intrigue, des coups de théâtre et des fausses pistes, Agatha Christie était aussi une grande créatrice d'ambiance, d'atmosphère, introduisant son lecteur tantôt à des pays exotiques, tantôt à l'Angleterre la plus banale.

Agatha Christie, c'est donc la formidable réussite littéraire d'une femme qui sut captiver un public immense et toucher le monde entier, mais aussi intéresser universitaires et critiques littéraires, à l'image de Roland Barthes, qui lui consacre quelques pages pénétrantes dans Le Degré zéro de l'écriture.

Dans le cas de Roger Ackroyd elle joue un tour au lecteur, mais elle crée effectivement aussi une structure romanesque qui ne pouvait qu’interroger les gens, notamment dans les années 1950-1960 au moment du Nouveau Roman par exemple [...]. Elle, de manière pas innocente complètement mais quand même un peu naïve, dans ses romans, a manipulé complètement ces fameuses combinatoires du roman de mystère, sans imagine qu’un jour ça intéresserait des gens. (François Rivière)

On retiendra enfin l'indépassable pourvoyeuse de scénarios, qui avec ses romans offrit à Hollywood ou à la BBC quelques unes de leurs réalisations mythiques, et d'autres plus anecdotiques.

Il y a eu plein de films, il y a eu tellement de films. On en a fait beaucoup, la TV beaucoup évidemment, mais le cinéma […]. Il y a eu des versions de Miss Marple qui terrorisaient littéralement la pauvre Agatha Christie, avec une anglaise, une actrice anglaise qui par ailleurs était une très bonne actrice, qui s’appelait Margaret Rutherford qu’Agatha Christie comparait à un chien de chasse tellement elle l’a détestait. Enfin il y a à boire et à manger, j’avoue franchement qu’on a un peu de mal à s’y retrouver. (François Rivière)

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)

Pour en savoir plus : Lire le magazine littéraire, hors série Agatha Christie (septembre 2020) :

https://www.lire.fr/produit/168/9782380151718/agatha-christie-hors-serie