En compagnie notamment de sa monteuse attitrée, avec qui elle a travaillé toute sa vie, nous tenterons aujourd'hui de faire le portrait de Chantal Akerman. Un portrait intime mais sans narcissisme, fidèle au précepte édicté par la cinéaste elle-même : « ne pas tomber amoureux de ses images. »
- Claire Atherton Monteuse, collaboratrice de Chantal Akerman
- Nicola Mazzanti directeur de la Cinémathèque de Bruxelles.
C'est une émission à quatre mains que nous vous proposons aujourd'hui puisque nous recevons deux invités pour nous parler de la biographie de Chantal Akerman : Claire Atherton, monteuse et collaboratrice de longue date de la cinéaste et Nicola Mazzanti, ex-directeur de la Cinémathèque royale de Belgique.
Juive d'origine polonaise, la petite Akerman reçoit un prénom que sa mère voulait absolument français, sorte de garantie contre d'hypothétiques pogroms futurs. L'enfant nouveau-né sera donc Chantal Akerman, née à Bruxelles en 1950, une ville où elle passe également son enfance.
Quel était son milieu familial ? Quelles furent ses relations avec son père, distant, et sa mère, de qui elle sera toujours très proche ? Comment interpréter les témoignages que livre la cinéaste dans ses films ou ses écrits autobiographiques ? Comment restituer leur juste importance aux éléments du récit livrés par Akerman, disant par exemple qu'elle est toujours restée « un vieil enfant » ou encore que la religion a beaucoup compté dans son enfance ?
Chantal était une personne indépendante, qui ne rentrait pas dans un modèle ou un cadre prédéfini. Elle le dit elle-même : elle a fait tout ce qu'il ne fallait pas faire. (Nicola Mazzanti)
Nos invités nous aident à éclaircir une personnalité complexe qui n'a cessé de s'explorer à travers les arts, le cinéma d'abord, la littérature ensuite. Elle qui pensait originellement écrire reçoit le choc du cinéma avec Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard.
Habitée par sa nouvelle passion, elle réalise Saute ma ville, son premier court métrage, à 18 ans. C'est par cette oeuvre coup de poing qui raconte le suicide d'une jeune fille que débute la production artistique de Chantal Akerman. Entre Paris et New York, les films d'Antonioni ou de Robert Bresson, Chantal Akerman vit d'expédients, de petits boulots, dans des conditions précaires. A cette dure enseigne, elle forge un caractère déjà fortement trempé et qui s'épanouira dans les oeuvres de la maturité. Jeanne Dielman en 1975 l'impose dans le paysage cinématographique ; aujourd'hui encore, ce film considéré comme son chef-d'oeuvre n'a rien perdu de sa force de scandale.
Chantal ne faisait jamais les choses parce qu'elle les avait pensées conceptuellement. Elle filmait avec ce qui l'habitait, l'irriguait, l'obsédait. (Claire Atherton)
Sa carrière fulgurante ne fut pas sans désillusions cependant, comme nous le verrons avec nos invités. Après Un divan à New York, Chantal Akerman devra affronter l'impossibilité de filmer. Elle affronte avec plus de difficultés encore la mort de son père et la vieillesse de sa mère. Trop sensible pour soutenir sa propre lucidité sur la vie ? Sa mort le laisse à penser, mais peut-être peut-elle éclairer rétrospectivement son oeuvre ou sa vie, telle qu'elle nous la livre dans Ma mère rit. Et on ne peut s'empêcher de penser que, tel un dernier plan de cinéma, cette mort vient résonner avec celle de ses héroïnes les plus emblématiques, de Saute ma ville à Jeanne Dielman.
Du 25 janvier au 13 mars, la Cinetek rend hommage à Chantal Akerman avec une rétrospective de dix de ses films. Pour en savoir plus, rendez-vous ici :
Chantal Akerman à la Cinetek : une rétrospective en 10 films
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)
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