Dracula Underwood ! : épisode • 4/4 du podcast L'Amérique en question

Publicité pour la saison 4 de House of Cards dans une station de métro à Washington, D.C., États-Unis.
Publicité pour la saison 4 de House of Cards dans une station de métro à Washington, D.C., États-Unis. ©Getty - Maren Hennemuth/picture alliance
Publicité pour la saison 4 de House of Cards dans une station de métro à Washington, D.C., États-Unis. ©Getty - Maren Hennemuth/picture alliance
Publicité pour la saison 4 de House of Cards dans une station de métro à Washington, D.C., États-Unis. ©Getty - Maren Hennemuth/picture alliance
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Entre 2013 et 2018 des millions de téléspectateurs ont pu se délecter des sombres manigances du couple Underwood, les anti-héros de la série à succès House of Cards. Et si ces vampires assoiffés de pouvoir nous montraient le monde politique pour ce qu'il est vraiment : un fragile château de cartes ?

Avec

Pour analyser la série House of Cards nous sommes en compagnie du professeur en sciences politiques Emmanuel Taïeb. Il est l'auteur de l’essai « House of Cards. Le crime en politique », publié en 2018 aux Presses universitaires de France.

Adapté d'une série anglaise de la BBC, elle-même inspirée d'une trilogie romanesque, House of Cards témoigne de la vogue du « thriller politique. » Mêlant le récit de la vie publique des États-Unis à une plongée dans les coulisses obscures du pouvoir, House of Cards se présente comme une entreprise fictionnelle de mise à nu des logiques machiavéliennes, voire criminelles, à l'œuvre dans le monde politique. 

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Inspirée du pragmatisme sans concession théorisé par Nicolas Machiavel dans Le Prince et de la violence baroque des tragédies de Shakespeare, la série entend peut-être davantage faire réfléchir sur la politique qu'en proposer une peinture fidèle.

C’est intéressant pour comprendre comment on manipule des gens, comment on monte une stratégie, comment on fait tomber un adversaire, et comment on va pousser des petites pièces, faire des coups à plusieurs bandes jusqu’à ce que ça marche. Et quand ça marche le spectateur est content, donc ça fait de nous des complices objectifs de Frank Underwood et donc ça interroge, évidemment, notre propre moralité de spectateur. Pourquoi est-ce que nous jubilons à la défaite de gens qui n’ont rien demandé et qui sont écrasés par un personnage absolument épouvantable ? (Emmanuel Taïeb)

Pour autant, la cour quasi princière établie à Washington, la capitale politique et administrative des États-Unis, la prédation constante entre rivaux en lutte pour les postes les plus hauts, l'érotisation pathologique d'un pouvoir qui n'est plus désiré que pour lui-même, l'abdication des idéaux au sein d'un personnel politique corrompu, tous ces éléments sont-ils dénués d'écho dans le monde réel ?

La particularité la plus saillante d'House of Cards serait peut-être ce jeu, en même temps qu'avec nos fantasmes politiques les plus noirs, avec notre indécision de spectateur : les vampires politiques dépeints dans la série existent-ils ? L'État ne repose-t-il, en fin de compte, que sur un château de cartes ?

Pour dynamiter le système de l’intérieur ou en tout cas, pour assouvir sa soif de sang, il va falloir se civiliser, il va falloir se cacher comme animal féroce et entrer dans le monde politique pour assouvir cette soif de sang, mais en le faisant discrètement, sans jamais être arrêté parce que le monde politique – ça aurait pu être le monde de l’entreprise – c’est le lieu où on va effectivement pouvoir écraser les autres, puisque c’est la fonction de l’activité politique, en tout cas dans sa dimension de jeu de cour. (Emmanuel Taïeb)

Nathalie Froloff, professeure en classes préparatoires au lycée Louis le Grand à Paris sera avec nous pour notre chronique du jour, à écouter en milieu d'émission.

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)

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