Jacques Rigaut, le plus beau : épisode 1/8 du podcast Les Années folles - La vie réinventée

Jacques Rigaut à Pornichet en 1923
Jacques Rigaut à Pornichet en 1923 ©Getty - Apic
Jacques Rigaut à Pornichet en 1923 ©Getty - Apic
Jacques Rigaut à Pornichet en 1923 ©Getty - Apic
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Jacques Rigaut est l'une des figures des Années folles et du dadaïsme. Né en 1898, il se suicide en 1929 d'une balle dans le cœur alors qu'il est en cure de désintoxication, comme si avec lui mourait aussi un certain esprit des années 1920...

Avec
  • Jean-Luc Bitton journaliste et écrivain
  • Philippe Roger écrivain, directeur d'études à l'EHESS, chercheur au CNRS, directeur de la revue Critique

Pour évoquer la figure singulière de Jacques Rigaut, nous recevons Jean-Luc Bitton, journaliste, écrivain et auteur de Jacques Rigaut. Le suicidé magnifique (Gallimard, 2019).

Rigaut traverse les Années folles comme une sorte de météore : il finit exactement au moment où la fête est finie, c’est-à-dire en 1929. Il se suicidera quelques semaines après le krach boursier de New-York. - Jean-Luc Bitton 

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Jacques Rigaut est issue de la petite bourgeoisie parisienne, mais disait qu’il n’avait pas de nombril et qu’il se sentait "vierge de toute filiation". Après une scolarité dans différents lycées prestigieux (Montaigne, Stanislas, Louis Le Grand), il s’engage dans l’armée pendant la Première Guerre mondiale.  

Au retour de la guerre, il rencontre de nombreux artistes comme Cocteau ou Drieu la Rochelle, et commence à fréquenter les dadaïstes. C’est également au début des années 1920 qu’il découvre l’usage des drogues.  

Dada, c’était aussi l’amusement, et Rigaut était presque dadaïste avant dada : il s’est engouffré en dada. Pour lui, c’était une superbe opportunité pour s’amuser. - Jean-Luc Bitton 

Jacques Rigaut est parfois considéré comme un "écrivain sans œuvre" : il a publié 8 textes de son vivant, dans des revues dadaïstes, puis part à New-York pour y épouser une riche Américaine et tenter d'y faire fortune par lui-même en faisant des affaires. Jean-Luc Bitton y décèle ici un côté tout rimbaldien dans l’abandon de la publication pour un départ vers l’aventure.  

Si ses publications sont peu nombreuses, il n’en demeure pas moins un grand lecteur, et une immense source d’inspiration pour les artistes qu’il fréquente. Drieu la Rochelle lui consacrera 3 textes : La Valise vide, portrait-charge très violent à l’encontre de celui qui est pourtant son ami ; Adieu à Gonzague, écrit comme un "mea culpa déchirant" juste après le suicide de Rigaut ; et enfin, Le Feu Follet, publié en 1931 chez Gallimard, qui retrace les dernières heures d’Alain Leroy, un jeune homme semblable en tout point à Jacques Rigaut.  

Maurice Ronet incarnant Alain Leroy dans le film "Le Feu Follet" de Louis Malle (1963), adapté du roman de Drieu la Rochelle (1931)
Maurice Ronet incarnant Alain Leroy dans le film "Le Feu Follet" de Louis Malle (1963), adapté du roman de Drieu la Rochelle (1931)
- Image tirée du film "Feu Follet" de Louis Malle

Jacques Rigaut se suicidera d’une balle en plein cœur le 6 novembre 1929, alors qu’il était en train de suivre une cure de désintoxication dans la maison de repos du docteur Henry le Savoureux, "La Vallée aux loups", à Châtenay-Malabry (ancienne demeure de Chateaubriand, aujourd’hui transformée en musée). 

Et en fin d'émission, retrouvez la chronique d'Elie During, Maître de conférences à l'Université de Paris 10-Nanterre et journaliste à la revue Critique.

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)