Jean Renoir ou l'amour de la vie : épisode 1/4 du podcast Renoir le patron

Photo prise en 1962 à Paris de Jean Renoir (D) donnant des indications de tournage sur son film "Le caporal épinglé" avec Jean-Pierre Cassel (G) et Claude Brasseur (2G).
Photo prise en 1962 à Paris de Jean Renoir (D) donnant des indications de tournage sur son film "Le caporal épinglé" avec Jean-Pierre Cassel (G) et Claude Brasseur (2G). ©AFP - STAFF
Photo prise en 1962 à Paris de Jean Renoir (D) donnant des indications de tournage sur son film "Le caporal épinglé" avec Jean-Pierre Cassel (G) et Claude Brasseur (2G). ©AFP - STAFF
Photo prise en 1962 à Paris de Jean Renoir (D) donnant des indications de tournage sur son film "Le caporal épinglé" avec Jean-Pierre Cassel (G) et Claude Brasseur (2G). ©AFP - STAFF
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Du bricolage encore artisanal – mais déjà pleinement artistique – du cinéma muet à la Nouvelle Vague en passant par la naissance du parlant et la gloire hollywoodienne, la carrière de Jean Renoir se confond avec l'évolution d'un septième art dont il fut l'incarnation : protéiforme, mouvante, totale.

Avec

Pour cette première émission consacrée à la biographie de Jean Renoir, nous recevons l'historien du cinéma et critique Pascal Mérigeau, auteur de Jean Renoir (Coll. Grandes biographies, Flammarion, 2012).

C’est un caméléon sur une couverture écossaise et qui a réussi à ne jamais exploser, ce qui est une des facettes de son génie. (Pascal Mérigeau)

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Quelle biographie ne serait pas écrasée par une filmographie de l'ampleur de celle que Jean Renoir a réalisée sur près de cinquante ans ? A en croire notre invité, certainement pas la biographie de Jean Renoir lui-même, dont la vie fut aussi intéressante que la carrière. Et pour cause, le maître français du septième art sut mettre sa vie et sa personne en scène, les scénariser et dans un même mouvement les interprêter, comme dans certains de ses films (La Bête humaine, La Règle du jeu) où il fut tout à la fois devant et derrière l'objectif de la caméra.

La mise en scène, c’est par exemple de réunir deux événements qui n’ont rien à voir ensemble et de les conjuguer dans un même lieu, au même endroit, et ça il l’a fait toute sa vie. Par exemple quand il raconte que ruiné par Nana, son film muet le plus ambitieux, il a dû vendre des toiles de son père pour payer la production, il raconte que chez lui les cadres vides, puisqu’il avait vendu les toiles, le considéraient d’un œil de reproche [...]. C’est une scène merveilleuse, et ça il l’a fait tout le temps : il a scénarisé et mis en scène sa propre vie. (Pascal Mérigeau)

La vie de Jean Renoir, ainsi envisagée, est déjà un passionnant récit dont l'intérêt narratif se confond avec l'intérêt historique. La vie de Jean Renoir, c'est tout un pan de l'histoire du cinéma comme celle de son père fut tout un pan de l'histoire de la peinture française. Du muet au parlant, d'Hollywood aux expérimentations d'avant-garde portées par la Nouvelle Vague, le parcours artistique de Jean Renoir semble épouser parfaitement l'évolution du cinéma jusqu'à sa mort, en 1979.

Ses débuts dans le septième art, pourtant, eurent tout d'un faux départ, avec en 1924 un tout premier film, Catherine ou la vie sans joie qui ne fut projeté qu'en privé.

Avec notre invité nous revenons ainsi sur les premiers films de Renoir, comme Nana, Sur un air de charleston ou Marquitta. Nous évoquons aussi la famille et l'enfance du cinéaste, avant de nous plonger dans l'oeuvre de la maturité.

La famille Renoir, c’est un nœud de vipères, enfin, un nœud de couleuvres on va dire. Mais vous savez que Jean Renoir a fait croire à ses petits enfants que sa femme, avec qui il vivait aux États-Unis, Dido, était leur grand-mère alors que ce n’était pas du tout vrai. (Pascal Mérigeau)

Quand commence la Deuxième Guerre mondiale, Renoir est un réalisateur consacré, grâce à des films aussi cultes que Le Crime de monsieur Lange ou La Grande illusion. Il partira aux États-Unis à partir de 1940 pour y poursuivre son activité de cinéaste, pour un temps seulement :

Il n'a pas d'emploi et il doit travailler, c'est pour ça qu'il revient en Europe, mais contraint et forcé, avec toujours en tête ce rêve de séduire le public américain et ses amis américains, parce que ses amis à ce moment-là sont américains, et c'est à eux qu'il veut plaire et c'est tout à fait normal, ce sont des gens comme Chaplin et autres. (Pascal Mérigeau)

Son entreprise créatrice, le temps passant, se dédouble de plus en plus. A côté du travail de réalisateur, Jean Renoir écrit également : des pièces de théâtre, la biographie de son père, et même un autobiographie intitulée Ma vie et mes films. Tout un programme, et la preuve peut-être la plus éloquente que l'une ne se concevait pas sans les autres.

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)