L'épuisante vie de Philip K.Dick : épisode 1/4 du podcast Regards sur Philip K. Dick

Harrison Ford dans une scène de Blade Runner de Ridley Scott (1982), adaptation de Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick.
Harrison Ford dans une scène de Blade Runner de Ridley Scott (1982), adaptation de Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick. ©Getty - Stanley Bielecki Movie Collection
Harrison Ford dans une scène de Blade Runner de Ridley Scott (1982), adaptation de Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick. ©Getty - Stanley Bielecki Movie Collection
Harrison Ford dans une scène de Blade Runner de Ridley Scott (1982), adaptation de Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick. ©Getty - Stanley Bielecki Movie Collection
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Auteur d'une oeuvre fascinante où l'exploration des méandres de la psychée se mêle aux rêveries futuristes les plus débridées, Philip K. Dick fait partie de ces quelques maîtres incontestés de la science-fiction avec Asimov, Herbert ou Van Vogt. Retour sur la vie d'un génie visionnaire.

Avec

Pour cette première émission consacrée à la biographie de Philip Kindred Dick, nous nous entretenons avec Étienne Barillier, écrivain et essayiste, auteur notamment de Le guide de Philip K. Dick (Hélios, 2019).

Une fois n'est pas coutume, nous n'aborderons pas Philip K. Dick le regard tourné vers l'avenir et la science-fiction, mais vers le passé, celui de l'enfance de l'écrivain. Une enfance qui n'a rien d'idyllique et qui s'ouvre même sur un drame : Philip naît prématuré avec une soeur jumelle qui ne survit pas aux premiers jours. 

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Les parents ignoraient qu’il y avait des jumeaux. Donc la naissance de Charlotte sera une surprise. Il y a Philip Kindred et sa sœur, Jane Charlotte, qui va décéder six semaines plus tard, en partie de faiblesse et peut-être de malnutrition : la mère n’avait peut-être pas assez de lait pour nourrir les deux enfants. (Étienne Barillier)

Un peu comme ses personnages, Philip K. Dick commence sa vie dans une couveuse à l’hôpital où on arrive à le récupérer in extremis et il terminera sa vie dans un hôpital, relié à des machines qui finiront par être débranchées. (Étienne Barillier)

A quoi se raccrocher ensuite, entre une mère qui, à en croire Philip, aurait voulu échanger le fils survivant contre la fille disparue, et un père continuellement absent ? Un manque et des problèmes affectifs qui vont resurgir avec plus d'insistance encore quand, alors qu'il n'a que quatre ans, les parents de Philip divorcent.

Ils vont se retrouver une petite dizaine d’années plus tard. Mais Philip n’aura jamais de rapports réguliers avec son père. C’est par contre son père qui après sa mort, ramènera ses cendres dans le Colorado pour qu’il soit inhumé auprès de sa soeur. Mais il y a eu la figure du père absent, ce qui explique peut-être, sans faire de la psychanalyse de bas niveau, qu’on va retrouver dans toute la vie de Dick une série de pères de substitution auxquels il sera toujours extrêmement fidèle. (Étienne Barillier)

Philip et sa mère quittent alors Berkeley, où ils avaient précédemment vécu, pour s'installer à Washington. Ils y entretiennent une relation complexe, à la fois fusionnelle et conflictuelle, qui n'arrange pas le mal-être de l'enfant.

[Rapport] très fusionnel, très étrange, à la fois très violent – il y aura des crises et des disputes toujours définitives entre eux deux –, néanmoins elle sera présente chaque fois que son fils touchera le fond ou qu’il aura besoin d’elle. Elle aura été la meilleure mère qu’elle aura pu être. (Étienne Barillier)

La maladie, pour lui, est à cette époque presque un mode de vie : souffrant de tachycardie, asthmatique, chétif, agoraphobe, Philip passe de mains de médecins en mains de psychiatres. Recours pharmaceutique compulsif, dépression nerveuse, cette enfance médicalisée et psychiatrisée façonne durablement le futur écrivain.

Car très tôt, il a conscience de sa vocation. A quatorze ans, il rédige son premier manuscrit. A la fin de ses études secondaires, en 1947, il essaie de vendre de petits textes au New Yorker. Il lit également beaucoup : singulier mélange des genres où les pulps (des magazines de science-fiction) alternent avec Joyce, Kafka ou Stendhal.

Ces pulps publiés sur du papier de très très mauvaise qualité, véritablement de la « pulpe » ce qui explique qu’aujourd’hui ces livres-là tombent en poussière, il les lisait assidûment, il les collectionnait. Il a eu deux grandes collections dans sa vie, c’était sa bibliothèque et ses disques. Mais il se nourrit sans frontières et sans barrières. Il avait cette capacité de se rappeler de toutes ses lectures. (Étienne Barillier)

En 1947 il s'installe avec un groupe de jeunes artistes dans un immeuble de Berkeley, où il est revenu et où il a étudié. Poésie d'avant-garde, grands classiques de la littérature mais aussi musique, telles sont les nourritures où l'écrivain puise sa motivation et son inspiration. Lui qui souhaitait devenir disquaire gardera toute sa vie un lien très fort avec la musique, comme l'attestent les fréquentes allusions qu'il y fait dans ses fictions.

En vieillissant, Philip semble n'avoir fait qu'approfondir les différentes facettes de sa jeunesse. Sa personnalité comme son oeuvre s'est peut-être moins multipliée, moins étendue qu'elle ne s'est creusée et, à mesure que l'homme devient plus maladif et hypocondriaque, son imagination plus torturée et plus créative, c'est aussi son oeuvre qui atteint son point d'achèvement.

Retracer la biographie de Philip K. Dick, c'est donc plonger dans une psychée labyrinthique et découvrir un homme à l'imagination sans pareille. C'est suivre un fil de rêveries : les rêveries d'un original et d'un marginal, d'un promeneur solitaire de la SF, visionnaire et comme venu du futur.

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)

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