Lorsque Sylvia Plath se donne la mort le 11 février 1963, "La cloche de détresse", son premier roman, a paru un mois plus tôt. Elle le laisse dans son sillage, ainsi qu’un recueil de poésie publié en 1960, "Le Colosse". Son brillant destin littéraire l’attend par-delà la mort.
- Shoshana Rappaport-Jaccottet
- Gwenaëlle Aubry romancière, philosophe, chercheuse au CNRS
« Et comme les chats je dois mourir neuf fois », peut-on lire dans Dame Lazare, l’un des poèmes du recueil inachevé de Sylvia Plath, Ariel. Paru deux ans après sa disparition, ce dernier lui vaut la reconnaissance artistique tant attendue de son vivant. La réédition de La cloche de détresse suivra en 1967 en Angleterre, puis en 1971 aux USA. Le succès est immense. Comme Lazare, voici Sylvia Plath ressuscitée, non dans sa chair, mais littérairement.
En première partie d’émission, l’écrivaine et philosophe Gwenaëlle Aubry revient avec Matthieu Garrigou-Lagrange sur son ouvrage Lazare mon amour, reparu en 2016 aux éditions de l’Iconoclaste, dans lequel elle propose une autre lecture de la vie et l’œuvre de Sylvia Plath, vivante à l’excès, et pourtant si souvent appréhendée par l’unique biais de la mort.
À la première lecture de Sylvia Plath, ce qui frappe et demeure, c'est le mélange de très grande immédiateté - cette façon directe et nue de dire des expériences vitales, charnelles et incarnées -, de puissance métaphorique, de saturation et de stridence. Sa poésie comme sa prose sont gorgées d'images et d'inventions rythmiques, mais aussi de sensations. Sylvia Plath le disait elle-même : elle écrit dans un rapport au rien et à l'excès. Cela organise - ou désorganise - son rapport au monde, qui se recréé sous ses mots comme un monde gorgé, qui palpite à se rompre, et qui d'un coup s'effondre. (Gwenaëlle Aubry)
En seconde partie d’émission, Shoshana Rappaport-Jaccotet renouvelle l’hommage à Sylvia Plath rendu avec son livre Léger mieux (Le bruit du temps, 2010) et aborde en notre compagnie les amours littéraires de l’autrice de La cloche de détresse, son rapport à la vie imaginaire et réelle, et les écrits en marge de son œuvre ; son journal, ses contes.
Sylvia Plath était une personne d'une grande sensualité, avec des besoins sexuels très grands. C'est l'une des choses frappantes à la lecture de ses Journaux. Ses sens étaient en émoi. Elle aimait la mer, pouvait s'adonner à la nage quatre heures par jour. Il y a également chez elle un plaisir du quotidien, qui existe dans une forte ambivalence. La langue qu'elle cherche à créer ne dépend pas de la trivialité, mais de ce qu'elle vit et qui ne traverse pas les objets, mais quelque chose de plus fort, de plus grand. (Shoshana Rappaport-Jaccotet)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)
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