L'Italie ou la vita nuova de Goethe : épisode 4/4 du podcast Goethe événement européen

Goethe dans la campagne romaine (1787) par Johann Heinrich Wilhelm Tischbein. Huile sur toile, 164 x 206 cm. Stadel Museum, Francfort.
Goethe dans la campagne romaine (1787) par Johann Heinrich Wilhelm Tischbein. Huile sur toile, 164 x 206 cm. Stadel Museum, Francfort. ©Getty - VCG Wilson/Corbis
Goethe dans la campagne romaine (1787) par Johann Heinrich Wilhelm Tischbein. Huile sur toile, 164 x 206 cm. Stadel Museum, Francfort. ©Getty - VCG Wilson/Corbis
Goethe dans la campagne romaine (1787) par Johann Heinrich Wilhelm Tischbein. Huile sur toile, 164 x 206 cm. Stadel Museum, Francfort. ©Getty - VCG Wilson/Corbis
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Le 3 décembre 1786, à trois heures du matin, Goethe quitte Carlsbad, en Bohême, sans en avertir personne. Une paire de pistolets, quelques livres et manuscrits en poche, et le voilà parti pour l'Italie, la terre promise artistique où le poète "wanderer" vient régénérer son inspiration.

Avec

Nous accueillons aujourd'hui Jean Lacoste, professeur agrégé de philosophie et docteur ès études germaniques avec une thèse consacrée aux écrits scientifiques de Goethe, publiée sous le titre Goethe. Science et philosophie dans la collection « Perspectives germaniques » des Presses universitaires de France (1999). Il est également l'auteur de Goethe. La nostalgie de la lumière paru chez Belin en 2007, et il a édité le Voyage en Italie de Goethe aux éditions Bartillat en 2003.

Nous dialoguerons avec lui autour du voyage en Italie de Goethe et de ses théories sur la couleur.

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Le voyage en Italie ainsi que la question de la couleur ont en effet inspiré deux oeuvres majeures à l'auteur de Faust, un récit de voyage aussi enlevé qu'un roman et un ambitieux Traité des couleurs dont l'inspiration est née au contact des grands chefs-d'oeuvre de l'art pictural.

Goethe s’est intéressé à la question des couleurs pour diverses raisons, en particulier, comme je l’ai dit, par la fréquentation des peintres. C’est là qu’il a découvert un certain nombre de secrets des peintres, et en particulier cette idée de la totalité des couleurs, c’est-à-dire, ce qu’on conçoit très bien maintenant, qu’une couleur en appelle une autre par complémentaire ou par opposition, et que tout cela forme un système. C’est cela qu’il a essayé de mettre en présentation avec son fameux cercle des couleurs qui permet de voir quel lien il y a entre le jaune et le bleu qui donnent du vert, chose que chaque petit enfant sait, maintenant. (Jean Lacoste)  

Ces deux oeuvres, moins connues, éclairent des aspects importants de la vie et de l'oeuvre de Goethe : si ce voyage à travers l'Italie, à l'en croire, marque une étape essentielle dans la vie de l'écrivain, le Traité des couleurs témoigne d'une révolution du regard. Tel un héros de roman d'apprentissage, un genre dont il donnera la formule dans son Wilhelm Meister, Goethe réapprend, au cours de ce voyage, à sentir et à voir. Résurrection d'une sensibilité semble-t-il lassée et avide d'évasion, ce cheminement intellectuel et artistique à travers l'Italie (Vérone, Venise, Padoue, Ferrare, Rome, Naples, Palerme...) accouche de certaines des plus belles pages de Goethe.

Venise, à l’inverse, le séduit pour deux raisons. C’est d’abord un vieux souvenir d’enfance. Son père qui avait, lui, fait un voyage en Italie et avait même écrit une relation en italien de ce voyage, lui avait rapporté une gondole, comme on rapporte un jouet d’un voyage, et cette gondole – c’est assez touchant d’ailleurs – le souvenir de cette gondole lui surgit quand il voit Venise et, évidemment, le Grand Canal. Et puis alors, en plus, Le Goethe, j’allais dire visionnaire, le Goethe surtout visuel est très séduit par la lumière, par les effets de l’eau sur la lagune. Il trouve là pour la première fois l’Italie qu’il cherchait… (Jean Lacoste)

Ce cheminement italien participe de la légende de Goethe en poète voyageur ou, pour reprendre le terme allemand, en poète wanderer.

Il y a vraiment chez Goethe un syndrome d’Ulysse, c’est un thème qui revient perpétuellement dans son œuvre, du voyageur qui arrive incognito, qui séduit une jeune femme et qui finalement repart pour suivre son chemin mystérieux et dont on ne connaît pas le but. Et ça c’est quelque chose qui dans l’existence même de Goethe est arrivé à plusieurs reprises. (Jean Lacoste)

C'est un voyageur qui rêve d'arriver à son but, et de revenir chez lui. (Jean Lacoste)

En milieu d'émission les auditeurs pourront écouter la traditionnelle carte blanche du jeudi, une chronique présentée par Olivier Barbarant, poète, spécialiste d'Aragon, Inspecteur général du groupe Lettres à l'éducation Nationale. Il revient sur ce qui constituait le thème de notre émission d'hier : Faust.

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)