La poésie et le théâtre d'Aimé Césaire : épisode 2/4 du podcast La parole essentielle d'Aimé Césaire

Portrait d'Aimé Césaire
Portrait d'Aimé Césaire ©Getty - Sophie Bassouls/Sygma
Portrait d'Aimé Césaire ©Getty - Sophie Bassouls/Sygma
Portrait d'Aimé Césaire ©Getty - Sophie Bassouls/Sygma
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La compagnie des œuvres se penche sur la genèse et la matière du "Cahier d’un retour au pays natal", poème fondateur d’une œuvre qui glissera au cours des années 1950 vers la dramaturgie, puisant dans la tragédie antique pour mieux dire la condition de l’homme noir au XXe siècle.

Avec

L’intrication de la poésie avec le théâtre s’opère chez Aimé Césaire dès les années 1940 lorsqu’il fait paraître dans Les armes miraculeuses, recueil poétique publié aux éditions Gallimard en 1946, une tragédie, Et les chiens se taisaient. Sans le nommer, l’écrivain y met en scène Toussaint Louverture, général haïtien et protagoniste légendaire de la lutte contre l’esclavage à la fin du XVIIIe siècle. Cette pièce, reprise par lui en 1956, lui permettra de glisser de la poésie à la dramaturgie. Peut-on la définir alors comme la matrice de son œuvre théâtrale ? Et faut-il lire dans la concomitance de sa venue au théâtre et son entrée en politique un élément significatif de son parcours d’écrivain ?

En première partie d’émission, Matthieu Garrigou-Lagrange évoquele théâtre d’Aimé Césaire en compagnie de Gérard Cogez. Professeur de littérature à l’université de Lille, il est l’auteur d’un ouvrage intitulé Le théâtre d’Aimé Césaire (Ides et Calendes, 2018) et d’une étude critique sur Tragédie du roi Christophe, étude publiée en 2016 aux éditions Honoré Champion.

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On a pu faire à Aimé Césaire le reproche selon lequel sa poésie était hermétique. Il est possible que, sans l'admettre, il ait commencé à s'interroger sur ce point, à la possibilité de communiquer avec le peuple en proposant une écriture plus accessible, qui serait du côté du théâtre. (Gérard Cogez)

À voix nue
23 min

En seconde partie d’émission, Matthieu Garrigou-Lagrange poursuit le parcours de l’œuvre d’Aimé Césaire en se penchant sur sa poésie, et plus particulièrement sur Cahier du retour au pays natal. Pour ce faire, il reçoit Cyrille François, auteur d’une étude critique de l’œuvre publiée aux éditions Honoré Champion. 

Paru en 1939, édité dans une version nouvelle en 1947, réécrit sur près de vingt ans en parallèle d’une œuvre littéraire et politique prolifique – citons les publications dans la revue Tropiques, les conférences sur la notion de négritude et le colonialisme, les recueils poétiques d’après-guerre, les deux versions de la pièce Et les chiens se taisaient et le Discours sur le colonialisme —, Cahier d’un retour au pays natal est un texte-monde. Programmatique, il contient les œuvres à venir ; palimpseste, il se réécrit au fur et à mesure que ces dernières adviennent — mais quel est au juste le cœur de ce poème lyrique, si abondamment commenté et aujourd’hui considéré comme l’une des plus grandes œuvres écrites en langue française ? Comment en définir le propos, l’agencement et le langage ? Et comment situer la poésie d’Aimé Césaire au regard des courants littéraires de l’époque ? 

Le Cahier d'un retour au pays natal est comme le ferrement de l'oeuvre de Césaire dans le sens où il nourrit ce qui viendra par la suite. Le Cahier gardera une place dans sa pensée. Il y reviendra sur près de vingt ans en y apportant certaines modifications. Ce n'est pas une oeuvre de jeunesse, une oeuvre brouillonesque. C'est surtout un moment déclencheur chez lui. Comme le dit Annie Le Brun, c'est tout l'être de Césaire qui se révèle à ce moment-là. (Cyrille François)

Retrouvez également en cours d'émission la chronique de Mathieu Roger-Lacan, de la revue Le Grand Continent. 

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)