

Louise Bourgeois a passé une partie de son enfance à travailler dans l’entreprise de restauration de tapisseries anciennes de ses parents. Cette jeunesse vécue auprès d’artisans marquera durablement sa création artistique.
- Tiphaine Samoyault essayiste, traductrice et critique littéraire, directrice d’études à l’EHESS
- Evelyne Grossman professeure de littérature française contemporaine à l’Université Paris Diderot Paris 7
- Stéphanie Genand Professeur à l'Université de Bourgogne, spécialiste de la littérature du XVIII° siècle, présidente de la société des études Staëliennes
En première partie d’émission, nous recevons Tiphaine Samoyault, professeure de littérature comparée à l’université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle, critique littéraire et écrivaine. Elle est l'auteure de La main négative publié en 2008 chez Argol, qui évoque la figure de l'artiste Louise Bourgeois dans un récit aux accents autobiographiques.
Deux « enfances textiles » : c’est ce qui rapproche Louise Bourgeois et Tiphaine Samoyault, qui ont toutes deux grandi au milieu de l’artisanat tapissier. Louise dans l’entreprise de restauration de tapisseries de ses parents, et Tiphaine Samoyault dans une famille de conservateurs à la Manufacture des Gobelins. Malgré plusieurs générations d’écart, les deux femmes ont connu une enfance assez similaire.
C’est cette contemporanéité de femmes non contemporaines que j’ai voulu décrire dans mon livre. – Tiphaine Samoyault
Tiphaine Samoyault évoque l’ambivalence des œuvres de Louise Bourgeois, à la fois émancipatrices et emprisonnant celui ou celle qui les regarde.
C’est une œuvre qui est là pour nous enserrer, pour nous mettre dans ses fils, que ce soient les fils de la tapisserie, les treillis des cellules ou les pâtes de l’araignée. – Tiphaine Samoyault
En seconde partie d'émission, nous dialoguons avec Evelyne Grossman, professeure à l’université Paris-Diderot : elle a publié aux éditions de Minuit, en 2017, l’essai Eloge de l’hypersensible, dans lequel elle consacre un texte à Louise Bourgeois, ainsi que Louise Bourgeois : Three Horizontals (Ophrys, 2011). Elle nous parle du discours psychanalytique que l'artiste tient elle-même sur ses œuvres.
Il y a en Louise Bourgeois une destructivité enfantine, une façon d’envoyer promener les choses, que je trouve très réjouissante. Elle se joue de la psychanalyse, elle la déconstruit : elle en prend des morceaux et en fabrique autre chose. – Evelyne Grossman
Comment alors déjouer les pièges interprétatifs volontairement tendus par l’artiste dans des installations comme "Destruction du père" ?
Le but de "Destruction du père", c’est d’exorciser la peur. Après l’avoir exposé, "le voilà", je me suis sentie quelqu’un d’autre. Je n’aime pas utiliser le mot thérapeutique mais un exorcisme, c’est une entreprise thérapeutique, c’est la catharsis qui est à l’origine de cette pièce. – Louise Bourgeois

A 15h30, retrouvez la chronique de Stéphanie Genand, professeure à l’Université de Bourgogne.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration