Retour aujourd'hui sur Middlemarch, roman emblématique de la littérature victorienne, livre-monde qui abrite dans ses pages la vie fourmillante d'une société tout entière. Avec ce livre, George Eliot nous offre sans doute le témoignage le plus riche et le plus complet sur son temps.
- Georges Letissier Professeur émérite à l’Université de Nantes, spécialiste de la littérature victorienne et de Charles Dickens.
- Alexis Brocas Journaliste, romancier, critique et rédacteur en chef du magazine, "Lire"
Nous serons en compagnie de Georges Letissier professeur de littérature anglaise à l’université de Nantes, spécialiste de la littérature victorienne et du roman néo-victorien, pour parler de Middlemarch, le roman monumental de George Eliot qui est sans doute son ouvrage le plus connu et le plus savamment structuré.
Nous replaçons ce roman dans la carrière de George Eliot qu'il est bon, pour la comprendre, de mettre en rapport avec celle de cet autre monstre sacré de la littérature britannique que fut Charles Dickens. Les deux écrivains furent de stricts contemporains et la mise en rapport de leurs parcours respectifs en dit long sur le champ littéraire anglais de l'époque victorienne, comme la comparaison de leurs oeuvres sur l'esthétique tout à fait personnelle de George Eliot.
Il y a toute une tradition critique qui, au fond, façonne l’image qu’on se fait des auteurs. Et on a tendance à considérer que Dickens et Eliot seraient deux pôles antithétiques de la littérature victorienne […]. Ils ont quand même un point commun, c’est de représenter le roman victorien à travers une intrigue multiple, à travers l’emploi de coïncidences. (George Letissier)
Si elle n'a pas l'humour débordant d'énergie de Dickens, Eliot a de plus que lui cette expérience très fine, très poussée de la vie intérieure. Son art, en règle général, apparaît comme un art de la précision, un art de la mosaïque, d'une infinité de détails et dont l'agencement, savant et minutieux, nulle part ne se manifeste mieux que dans Middlemarch.
Pour parvenir à ce résultat, George Eliot se documentait abondamment, brassant un savoir encyclopédique s'étendant des sciences naturelles à la philosophie et à la sociologie, s'étendant de Darwin à Spinoza. Érudite, elle écume toutes les sources du savoir occidental : britannique, française, italienne, allemande. Un savoir majuscule que l'écrivaine met au service des "vies minuscules" qui peuplent ses romans, et nulle part avec plus de maîtrise architecturale que dans Middlemarch.
Il y a ce que je présenterais comme des vignettes, où vous décrivez par exemple une scène de vie domestique, le quotidien. Je pense à la famille Garth. Vous avez une évocation d’une famille victorienne, avec les enfants, avec les activités ménagères […]. C’est comment on peut faire revivre, au fond, des scènes de la vie domestique à partir d’objets, à partir du lieu, à partir du presque rien comment le presque rien donne naissance, finalement, à tout un univers, et fait renaître, faire revivre des personnages qui n’auraient pu être que des fantômes. (George Letissier)
Alexis Brocas, écrivain et critique et directeur-adjoint au nouveau magazine Lire-Magazine littéraire sera avec nous en fin d'émission pour la traditionnelle chronique. Il nous présente le grand dossier de Lire-Magazine littéraire portant sur la figure charismatique d’Arthur Rimbaud, récemment mis au centre d'un débat en vue d'une éventuelle panthéonisation aux côtés de Paul Verlaine.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)
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