

Tenues à l'écart des conditions propices à la création artistique, peu de femmes ont réussi à accéder au statut d'écrivain. Celles qui sont parvenues à s'imposer ont du reste été reléguées, bien souvent, au second plan. Retour sur l'une de ces artistes déclassées : Mary Shelley.
- Olivier Larizza Universitaire, écrivain, essayiste
- Marc Porée angliciste, professeur émérite de l’ENS
Nous recevons Olivier Larizza, professeur de langue et littérature anglaises à l’Université de Toulon, pour nous parler de Mary Shelley, la conceptrice du célébrissime Frankenstein.
Écoutez bien : FRAN-KEN-STEIN. Ces trois syllabes comme elles sonnent, magistrales, inquiétantes ; elles sont chargées d’inquiétante étrangeté, Das Unheimliche freudien […]. Imaginez pour un anglophone du début du XIXème siècle comme ce nom dérangeait, surprenait. C’est une pépite, c’est une pépite noire. (Olivier Larizza)
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Olivier Larizza intervient dans le cadre de notre série qui s'attache à repenser l'histoire littéraire au prisme du genre. Si l'histoire littéraire foisonne d'écrivains, les femmes y sont plus rares, reléguées, en quelque sorte, à la périphérie d'un champ artistique confisqué par des auteurs de sexe masculin. Mary Shelley illustre de façon emblématique ce déclassement de nombreuses femmes au second rang de notre histoire littéraire.
Olivier Larizza nous raconte comment Mary est restée longtemps dans l'ombre de son mari, le grand poète anglais Percy Bysshe Shelley, malgré un talent certain pour le roman, comme en témoigne son chef d'œuvre : Frankenstein ou le Prométhée moderne. Si ce texte, point d'orgue du roman d'inspiration gothique, est passé à la postérité, la chose est peut-être moins vraie en ce qui concerne la créatrice. Mary Shelley, piégée dans l'ombre de son mari, se trouverait-elle également piégée dans l'ombre de sa créature ?
Quant à la paternité du monstre, faut-il l'attribuer tout entière à la seule Mary ? Olivier Larizza nous aide à débrouiller l'écheveau d'une création plus complexe qu'il n'y paraît, où se mêlent non pas un, mais vraisemblablement les deux talents conjugués de Mary et Percy.
Je pense que ce qu’elle a élaboré, c’est précisément ce qu’elle vivait avec Percy, c’est-à-dire ce phénomène, ce processus de co-création, de coopération, et c’est ça qu’elle a mis en abîme dans son roman […]. Le roman est une allégorie du processus créatif. (Olivier Larizza)
La chronique qui fait office d'entr'acte à notre émission nous est donnée par Marc Porée, professeur de littérature anglaise à l'École Normale supérieure qui a carte blanche pour nous parler du sujet de son choix. Il choisit aujourd'hui de revenir sur ce que Virginia Woolf appelait les "atrocités de George Eliot". Formule déconcertante, écheveau inattendu, que dévide pour nous Marc Porée.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)
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