Mystérieuse Agatha Christie : épisode 1/4 du podcast Agatha Christie dans la bibliothèque

Agatha Christie (1890-1976).
Agatha Christie (1890-1976). ©Getty -  Bettmann
Agatha Christie (1890-1976). ©Getty - Bettmann
Agatha Christie (1890-1976). ©Getty - Bettmann
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Sa vie se révèle à certains égards digne d'un roman policier et elle-même, pourtant experte en la matière, n'en dissipa jamais toutes les zones d'ombre, comme son énigmatique disparition en 1926. Agatha Christie fut une femme mystérieuse et atypique, une romancière adulée, la reine du crime.

Avec
  • Marie-Hélène Baylac Ancienne élève de l’École Normale Supérieure et agrégée d’histoire

Pour cette première émission de notre cycle consacré à Agatha Christie, nous recevons Marie-Hélène Baylac, ancienne élève de l’École Normale Supérieure et agrégée d’histoire, auteure notamment de Agatha Christie. Les mystères d’une vie (Perrin, 2019). Avec elle nous parlons de la vie d'Agatha Christie, de son enfance à sa mort, en 1976.

C’est une femme qui empoigne la vie à pleine main, et pas du tout qui reste en retrait [...]. Elle parlait du métier de vivre, et effectivement elle s’est appliquée à faire de sa vie ce qu’elle voulait en faire. De toute façon Agatha n’a jamais fait que ce qu’elle voulait faire. (Marie-Hélène Baylac)

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Si le nom d'Agatha Christie évoque aujourd'hui spontanément les mots "enquête", "mystère" ou "détective", son enfance paraît cependant à mille lieues de ces intrigues criminelles et policières. Troisième enfant  d'une famille unie jouissant d'une situation confortable – son père, rentier, ne travaillera jamais – la petite Agatha vécut une enfance heureuse dans la grande maison d'Ashfield, dans le Devon. Celle qui deviendra la maîtresse incontestée du roman policier à énigme est donc avant tout une enfant de l'ère victorienne, dont la nostalgie se confond pour elle avec celle de l'enfance. A cette époque, la future romancière fait ses premiers pas dans l'imaginaire avec les contes que lui raconte sa mère, ou en apprenant à lire toute seule, alors même que ses parents désiraient attendre ses huit ans pour lui enseigner la lecture.

Si, à l'instar des petites filles de la bonne société, elle n'est pas allée à l'école ni en pension, on voit mal comment cette enfant fantaisiste, débordante d'imagination se serait pliée aux impératifs scolaires et à un tel cadre de vie. Faut-il alors s'étonner de cet apparent paradoxe : Agatha, lectrice insatiable et écrivaine prolifique aura toute sa vie des problèmes orthographiques.

Adulte, elle idéalisera cette période de sa vie, l'enfance, sans doute aussi parce que ce père qu'elle adorait vivait encore. Si la mort de ce dernier entérine une forme de sortie de l'enfance, c'est aussi parce qu'avec elle, la fortune de la famille diminue : les réceptions se raréfient et on se met même à louer Ashfield à l'occasion.

C’est vrai que c’est un traumatisme parce que sa mère s’aperçoit à ce moment-là que ses revenus vont considérablement diminuer, donc elle pense à vendre la maison d’Ashfield mais ses filles, Madge et Agatha y tiennent tellement qu’elle décide de la conserver, mais elle réduit considérablement son train de vie, donc la vie change, comme dit Agatha. (Marie-Hélène Baylac)

Vient ensuite l'entrée dans le monde et ce qu'on nomme alors "faire ses débuts" : apprentissage de l'élégance mondaine, de la grâce et des manières devant, pour une jeune femme, préluder à un mariage convenable. Celui d'Agatha est célébré en 1914 avec Archibald Christie, jeune sous-lieutenant d'artillerie avec qui elle vit une première grande histoire d'amour, dont il lui naît une fille, Rosalind.

C'est dans ce récit peu romanesque qu'intervient l'événement le plus énigmatique de son existence, la célèbre disparition de décembre 1926 : Agatha s'évanouit pendant une dizaine de jours sans laisser d'autres traces que sa voiture, abandonnée près d'un étang au nom évocateur, Silent Pool.

Elle laisse sa fille aux soins de la nurse, elle prend sa voiture et le lendemain matin on retrouve sa voiture au bord d’un étang, enfoncée à moitié dans un bosquet [...]. On ne sait pas exactement ce qui s’est passé, mais enfin on n’en a plus d’idée qu’à une époque, puisqu’Agatha et sa famille ont toujours dit qu’elle avait perdu tout simplement la mémoire, que c’était une amnésie. Et ce qu’on a appris depuis, parce que les langues se sont déliées, et par la fille de sa meilleure amie, c’est que sans doute, au départ, Agatha avait monté un coup. (Marie-Hélène Baylac)

A partir de cet épisode, la vie d'Agatha Christie semble basculer pour de bon dans le romanesque : celui de l'écriture, mais également de la vie. La romancière voyage, écrit, se remarie, s'adonne avec passion à l'archéologie.

Elle se passionne pour l’archéologie […]. Elle dit que ça ressemblait à un travail de puzzle, exactement comme les romans, donc ça l’intéresse. Et puis aussi Elle est très douée pour restaurer tout ce qui est en ivoire. (Marie-Hélène Baylac)

Quand elle meurt en 1976, elle fait la une des journaux du monde entier. A l'instar de Miss Marple ou d'Hercule Poirot, cette femme singulière est devenue ce qu'elle excellait à créer, animer et faire vivre de livre en livre : un personnage.

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MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)