Robbe-Grillet ou la vie qui revient : épisode 1/4 du podcast Alain Robbe-Grillet à redécouvrir

Alain Robbe-Grillet à Paris en avril 1970, France
Alain Robbe-Grillet à Paris en avril 1970, France ©Getty - Yves LE ROUX/Gamma-Rapho
Alain Robbe-Grillet à Paris en avril 1970, France ©Getty - Yves LE ROUX/Gamma-Rapho
Alain Robbe-Grillet à Paris en avril 1970, France ©Getty - Yves LE ROUX/Gamma-Rapho
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Matthieu Garrigou-Lagrange évoque aujourd’hui la vie d’Alain Robbe-Grillet en compagnie de Benoît Peeters, écrivain, scénariste, essayiste et auteur des entretiens avec Alain Robbe-Grillet, disponible aux Impressions nouvelles.

Avec

Dans le premier volet de cette série consacrée à Alain Robbe-Grillet, il sera notamment question des enjeux de l’écriture autobiographique chez l’auteur, qui prit pour matière son histoire familiale avec la série des Romanesques, ainsi que de son rapport à la chose politique, lui à qui la gauche reprocha durant les années cinquante et soixante le « désengagement » de ses écrits et « leur influence démobilisatrice sur la jeunesse ». Nous reviendrons également sur deux rencontres déterminantes dans son existence ; la première avec Jérôme Lindon, célèbre éditeur de Minuit, la seconde avec sa future épouse Catherine – née Rstakian -, autrice de plusieurs récits dans lesquels figureront leurs amours sadomasochistes, dont Journal d’une jeune mariée.

Pour évoquer sa jeunesse, ses parents et la Seconde Guerre mondiale, Robbe-Grillet était sans tabous. Qu'il accepte de dire que ses parents étaient proches de l'extrême-droite, que lui-même avait un peu devancé l'appel pour le STO... Cela a éclairé les engagements courageux qui ont été les siens par la suite. On se disait : ''Cet homme qui n'essaie pas de masquer d'où il est venu n'a pas de raisons de nous mentir quand il se présente sur certains sujets comme progressiste" - et il l'a été souvent, ne serait-ce que quand il a signé le Manifeste des 121, ce qui lui a valu de nombreux ennuis. (Benoît Peeters)

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Robbe-Grillet a été profondément marqué par La Nausée, qui nous donne cette expérience de l'insignifiance du monde. Il y a eu également une expérience non littéraire déterminante pour lui : l'effondrement des certitudes politiques à la fin de la guerre. Quand ce qu'on lui a présenté comme un modèle de structuration et d'ordre - le monde de la Seconde Guerre mondiale et le système nazi - s'effondre sous les bombes, quand on révèle la nature des camps, leur horreur, quand s'ajoute à cela Hiroshima, il y a le sentiment chez lui d'un effondrement. Il se trouve soudain face à un monde dont il pense que le sens manque, fait défaut. Pourquoi dans ce cas la littérature continue-t-elle de dérouler imperturbablement quelque chose de lisse, avec des personnages consistants et sans contradictions, avec des récits continus, avec des solutions apportées jusqu'au bout ? Pourquoi le roman ment-il ? Pourquoi la littérature ment-elle ? Et comment faire une littérature qui soit à la hauteur de ces absences du monde, de ces béances ? (Benoît Peeters)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)

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