

Van Gogh, au-delà du mythe de l'artiste maudit et désargenté. C'est le pari de l'émission d'aujourd'hui, consacrée aux conditions matérielles et économiques d'une oeuvre à la croisée de l'esprit artistique et de l'éthique du capitalisme.
- Wouter Van der Veen Maître de conférences, titulaire d'un doctorat en Lettres
- Jérôme Dupuis Journaliste
Nous accueillons Wouter van der Veen, titulaire d’un doctorat en Lettres de l’université d’Utrecht (Pays-Bas), qui enseigne la civilisation néerlandaise à la faculté des Langues et Cultures étrangères de l’université de Strasbourg. Il est notamment l'auteur chez Actes sud du livre Le Capital de Van Gogh paru en 2018 où, selon ses mots, il opère en « biographe libre » et déconstruit la prétendue vocation sacrificielle de l'artiste.
Wouter van der Veen nous parle du rapport des frères Van Gogh à l'argent, au travail et à un marché de l'art qu'ils abordent en stratèges et en visionnaires. Si le jeune Van Gogh qui se sentait une vocation de prédicateur condamnait l'argent, il a finalement produit dans les deux dernières années de sa vie pour 6 à 8 milliards d'euros de tableaux, au prix du marché actuel.
Non pas artiste maudit donc, mais bien entrepreneur, tel aurait été Vincent Van Gogh ; non le météore sorti de nulle part que l'on a cru, mais le produit d'une double tradition, calviniste et capitaliste, qui naît et prend son essor au cours du Siècle d'or néerlandais. Certes, les frères Van Gogh vendirent peu la production familiale, mais c'est que Vincent travaillait moins pour le présent immédiat que pour l'avenir. Ses peintures les plus célèbres et les plus acclamées peuvent ainsi être vues comme le travail d'un spéculateur, vouant son art à une réussite posthume :
Il garnissait par conséquent ses tableaux de couches aussi épaisses que possible de peinture pure, souvent directement sortie du tube, sans aucun additif ou diluant. À court terme, c’était un mauvais calcul au vu du prix de la matière première. Mais à moyen terme, il se donnait les moyens de faire briller ses couleurs plus longtemps que celles de ses contemporains. Enfin, à long terme, il s’assurait une durabilité extraordinaire. Ses tableaux resteraient baignés de couleur quand les subtilités de ses confrères se seraient affadies. Au final, ses œuvres seraient les témoignages les plus solides de son époque. (Wouter van der Veen p.127)

En fin d'émission vous retrouverez la chronique de Jérôme Dupuis, journaliste à l'Express, consacrée à la réédition de la magistrale biographie de Rimbaud signée Jean-Jacques Lefrère dans la collection "Bouquins" de Robert Laffont.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)
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