Les textes de Koltès paraissent échapper à toute appréhension définitive. Florence Bernard revient avec nous sur cette "poétique des contraires" qui fait l’œuvre du dramaturge français.
- Bruno Blanckeman Professeur de littérature
- Florence Bernard Maîtresse de conférences en littérature française du XXe siècle à l'université d'Aix-Marseille
Nous recevons Florence Bernard, Maîtresse de conférences en littérature française du XXe siècle à l'université d'Aix-Marseille et autrice de Koltès, une poétique des contraires (Honoré Champion), ainsi que de Relire Koltès (sous la direction de Florence Bernard et Marie-Claude Hubert, Presses Universitaires de Provence, 2013).
L'écriture de Koltès brouille la frontière entre les territoires, les époques, le rêve et la réalité. Elle questionne ainsi le genre littéraire, la portée politique du texte, et surtout la consistance des personnages, jusque dans leur corporéité.
« L’inclassable corps koltésien »
Le corps – en tant qu’organisme – est une manière insaisissable d’être au monde, au contact avec un environnement, des personnes et un lieu. Cet ancrage est problématique : le rapport du corps au monde rappelle le grotesque, le carnavalesque, c’est la représentation d’un corps menacé, fuyant, pouvant s’éparpiller à tout moment.
COCO. Le rouge est l’invention la plus vulgaire et la plus dégoûtante qui ait été faite pour nuire aux femmes. Consuelo, pourquoi vous barbouillez-vous vos lèvres de cette horreur ?
CONSUELO. C’est comme un ourlet, madame Coco ; c’est comme une boutonnière. Si vous ne cousez et ne brodez pas soigneusement les bords, le trou va s’agrandir. J’ai peur que ma bouche ne s’effiloche et qu’elle devienne énorme.
COCO. Mais il y a les lèvres, voyons. Tout cela est prévu, personne n’a jamais vu sa bouche s’effilocher. Elle est déjà ourlée, votre bouche.
CONSUELO. Mal, madame Coco, le travail n’est pas soigné. Cela se défait aux coins. J’ai très peur, madame Coco, que tout d’un coup cela se déchire au bord et que la bouche se déchire.
- Bernard-Marie Koltès, Coco (pièce inachevée)
Et à 15h30, retrouvez la chronique de Bruno Blanckeman, professeur de littérature française (XXe-XXIe siècles) à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, qui nous livre ses souvenirs du « choc » que furent les mises en scène de Koltès par Chéreau au Théâtre Nanterre-Amandiers.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)
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