

Louis-Marie-Julien Viaud dit Pierre Loti est né le 14 janvier 1850 à Rochefort et mort le 10 juin 1923 à Hendaye. Officier de marine, écrivain et membre de l’Académie française, il a laissé une œuvre riche et variée, constituée de romans, de récits de voyages mais aussi d’écrits autobiographiques.
Pour évoquer la vie de Pierre Loti, nous recevons Alain Quella-Villéger, agrégé d'histoire et docteur ès-lettres. Spécialiste de Loti, il lui a notamment consacré une biographie intitulée Pierre Loti, une vie de roman, parue chez Calmann-Lévy en 2019.
Il y a énormément d’insatisfactions en Loti, qui font qu’il est sans cesse en train d’essayer de se construire un personnage qui lui plaise. – Alain Quella-Villéger
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Pierre Loti naît à Rochefort dans une famille qui connut rapidement la pauvreté : son père, receveur municipal à la mairie de Rochefort, avait été accusé de détournement de fonds publics. Après être allé en prison, il finit par être acquitté, mais dut néanmoins rembourser une partie de la somme qu’on l’accusait d’avoir détournée. Pourtant, dans ses récits autobiographiques, Loti évoque une prime jeunesse heureuse et dépeint son enfance de manière assez idéalisée.
A dix-sept ans, le jeune Julien Viaud entre à l’Ecole navale et s’engage dans la marine. Débute alors une longue série de voyages qui l’emmèneront des côtes bretonnes à la Méditerranée (il ira notamment en Turquie), puis dans l’océan Atlantique jusqu’au Sénégal. En 1871, il découvre l’Île de Pâques et Tahiti : c’est là-bas qu’il sera baptisé « Loti », qui désigne une variété de laurier rose. De son expérience tahitienne, il tirera en 1880 le roman Le Mariage de Loti, qui entretient savamment la confusion entre fiction et réalité. Un an avant, en 1879, son premier Aziyadé était paru et évoquait cette fois son séjour en Turquie. Mais ces deux romans avaient été publiés sans nom d’auteur. Ce n’est qu’en 1881 que paraît son premier roman signé « Pierre Loti » et intitulé Le Roman d’un spahi.
Dans les années 1880, Loti participe à la Guerre du Tonkin : il décrira dans un reportage les massacres de civils auxquels les Français se sont livrés lors de la prise de Hué. Son témoignage fera scandale et il manquera de se faire révoquer. C’est également dans les années 1880 qu’il séjourne brièvement au Japon. Il s’y marie avec une jeune Japonaise et s’inspire de sa propre histoire pour écrire le roman Madame Chrysanthème.
Son premier grand succès éditorial est Mon Frère Yves en 1883, suivi de Pêcheur d’Islande en 1886. Mais c’est dans les années 1890 que Loti atteint véritablement la gloire : il est élu à l’Académie française en 1891 et publie Matelot, son neuvième roman, en 1893. C’est également à cette époque qu’il découvre le Pays basque. Il y rencontre Crucita Gainza, jeune Basque espagnole avec qui il aura plusieurs enfants (alors qu’il était par ailleurs marié à Blanche de Ferrière dont il eut un fils légitime). De sa vie au Pays Basque, il tirera le roman Ramuntcho, en 1897.
Loti ne se reconnaissait pas du tout comme romancier. Lorsqu’il écrit « Pêcheur d’Islande » ou « Ramuntcho », on sait qu’il se donne une contrainte qui ne lui plaît pas – contrainte qui n’existe pas dans les récits de voyage, dans lesquels il peut écrire au jour le jour. Cela ne veut pas dire d’ailleurs qu’il ne déconstruise pas les itinéraires… il y a quand même un travail littéraire de scénario par rapport au véritable itinéraire du voyage. Mais Loti est quand même un homme de la liberté d’écriture. – Alain Quella-Villéger
Quand la Première guerre mondiale éclate, il veut s’engager à nouveau, alors qu’il avait pris sa retraite et qu’il a déjà soixante-quatre ans. La marine nationale refuse de le réintégrer ; il s'engage alors dans l'armée de terre avec le grade de colonel. Il sera démobilisé en 1918 pour raisons de santé.
Pierre Loti mourra le dimanche 10 juin 1923, emporté par une crise d’urémie et un œdème pulmonaire, dans sa maison de Bakhar-Etchea au Pays Basque. Des obsèques nationales auront lieu à Rochefort : il est enterré sur l’île d’Oléron, dans le jardin de la maison de sa famille.
Et en fin d'émission, retrouvez la chronique de Guillaume Perilhou, critique littéraire au magazine Têtu.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)
1ère diffusion : 07/10/2019
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