Retour sur la vie de Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature né en 1940.
- Michèle Gazier Ecrivain et critique littéraire
- Aliette Armel Romancière, essayiste, et critique littéraire
- Rémi Baille co-fondateur de la revue littéraire "L'Allume-Feu"
Pour évoquer la vie de J. M. G. Le Clézio, nous accueillons en première partie d'émission la romancière, traductrice et critique littéraire Michèle Gazier, dont le dernier texte, Le Nom du père, a paru aux Editions du chemin de fer. Amie de l'auteur, elle avait écrit le numéro de l’émission Un Siècle d’écrivains qui lui était consacrée sur France 3 en 1996.
En deuxième partie d’émission, nous recevons Aliette Armel : romancière, essayiste et critique littéraire. Elle a consacré à J. M. G. Le Clézio l’essai biographique Le Clézio, l'homme du secret, paru en 2019 aux éditions Le Passeur.
Lorsqu’il a à peine vingt-trois ans, Le Clézio reçoit le Prix Renaudot pour son premier roman Le Procès-verbal. Quarante-cinq ans plus tard, l’écrivain se voit décerner le prix Nobel de littérature pour récompenser l’ensemble de son œuvre. Nous revenons dans cette émission sur la vie et le parcours de cet écrivain aux multiples récompenses.
Né à Nice le 13 avril 1940, le Clézio a connu une enfance marquée par la guerre et le voyage.
La guerre pour moi, c'est celle que vivaient les civils, et surtout les enfants très jeunes. Pas un instant elle ne m'a paru un moment historique. Nous avions faim, nous avions peur, nous avions froid, c'est tout. Je me souviens d'avoir vu passer sous ma fenêtre les troupes du maréchal Rommel remontant les Alpes à la recherche d'un passage vers le nord de l'Italie et l'Autriche. Cela ne m'a pas laissé un souvenir très marquant. En revanche, dans les années qui ont suivi la guerre, je me souviens d'avoir manqué de tout, et particulièrement de quoi écrire et de quoi lire. – J. M. G. Le Clézio dans son discours de réception du prix Nobel de littérature en 2008
A l’âge de sept ans, il part avec sa mère au Nigeria pour rejoindre son père qui y exerce la médecine. Le récit L’Africain (2004) évoque cette figure paternelle absente lors des premières années de sa vie. Michèle Gazier revient avec nous sur ce « rapport difficile » à la figure paternelle :
Dans "L’Africain", Le Clézio a mis ce qu’il n’a jamais osé dire à son père. Il n’a jamais pu lui parler. Tout à coup, le père prend une figure autre. Jusqu’à l’écriture de "L’Africain", on avait une image évanescente du père. Avec l’écriture de ce texte, il le regarde en face, il a enfin un père. Ce père, c’est l’Africain, c’est aussi l’autre, le voyageur, et d’une certaine manière, l’un des ailleurs multiples qui sont les siens. – Michèle Gazier
Il rendra également hommage à sa mère dans Ritournelle de la faim, roman d’inspiration autobiographique publié en 2008. Les parents de Le Clézio sont tous deux issus d’une famille bretonne émigrée à l’Île Maurice, ce qui le conduit à se considérer lui-même comme un écrivain de culture mauricienne et de langue française : il est d’ailleurs très attaché au fait que la littérature dite « francophone » ne soit pas reléguée dans les marges d’une littérature uniquement française.
Après des études littéraires, Le Clézio voyage et connaît de nombreux pays : il fait son service militaire à Bangkok à partir de 1966. Durant les années 1966-1968, il publie trois livres : Le Déluge, L’Extase matérielle et Terra amata. Puis, au début des années 1970, il est envoyé au Mexique. Il séjourne ensuite au Panama, où il partagera la vie des Emberas et des Waunanas, Indiens du Darien panaméen. Ces différentes expériences à l’étranger nourrissent l’œuvre de Le Clézio et nous en apprennent un peu plus sur cet « homme du secret ».
Durant son service militaire en Thaïlande, Le Clézio dénonce par exemple avec force le tourisme sexuel et les viols commis sur les enfants thaïlandais. Aliette Armelle revient avec nous sur l’idée d’engagement pour cet auteur qui récuse toute identification avec l’image de l’engagement sartrien.
Ce qu’il découvre avec horreur, il le dénonce. Il est immédiatement dans l’engagement. Mais quand il énonce ce cri du cœur, il n’est pas du tout dans la stratégie ou la controverse : il n’est pas dans l’ordre du politique. – Aliette Armel
Et en fin d’émission, la chronique de Rémi Baille, de la revue L'Allume-Feu.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)
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