La révolution de la lenteur

Alors que la chaîne se penche cette semaine sur ce qui noue Culture et territoire, deux invités et un hommage aux hommes lents. A Thibaut Cuisset, ses paysages français comme ils viennent et ses photographies à temps long. Aux lambins, aux trainards, aux indolents. A la lenteur comme rythme subversif, pour un autre rapport au monde. Avec l’écrivain Jean-Christophe Bailly et l’historien Laurent Vidal.  

Jean-Christophe Bailly a signé les textes de Campagnes françaises (Steidl, 2019), un album de photographies du regretté Thibaut Cuisset mettant en lumière la mobilité des paysages de la campagne française, sans cesse façonnés par l'intervention humaine et les événements de l'histoire ; et Laurent Vidal, historien, pour Les hommes lents (Flammarion, 2020) Partant d'une violence symbolique et d'un imaginaire méconnu, il fait la genèse des “hommes lents”, ces individus mis à l'écart par l'idéologie du Progrès. On y croise tour à tour un Indien paresseux et un colonisé indolent à l'époque des grandes découvertes, des ouvriers indisciplinés dans le XIXe siècle triomphant ; plus proches de nous, le migrant en attente ou le travailleur fainéant restent en marge de l'obsession contemporaine de l'efficacité. 

Il s'agira donc d'abord de retracer la généalogie d'un accident : l'attribution à certains individus ou groupes sociaux, dès l'aube de la modernité, d'une qualité discriminante : la lenteur." Laurent Vidal.