En dix ans, entre 2002 et 2012, le nombre d’étudiants inscrits dans une filière scientifique a chuté de 14,5 %. La libido-sciendi aurait-elle discrètement pris la tangente ?
Comment la science a-t-elle pu perdre aussi rapidement de ses attraits, de son prestige ? Les commentateurs qui s’essaient à expliquer ce phénomène parlent d’une « désaffection » à son égard. Mais s’agit-il vraiment d’une affaire d’affect ? Désaffection : « le fait de ne plus être concerné dans son intimité ». Est-on bien certain que la baisse des vocations scientifiques reflète un désamour des jeunes vis-à-vis de la science : il est après tout possible que beaucoup continuent de la juger belle et admirable, tout en considérant qu’elle est devenue trop difficile.
Il se peut aussi que la science ne les « touche » plus : non pas au sens où elle leur serait devenue indifférente, mais parce que, noyée, enfouie sous le flot du reste, elle ne parviendrait plus à entrer en contact avec eux, à les atteindre .
Pour tenter de contrecarrer cette tendance, le samedi 11 octobre 2014, à l'occasion de la fête de la science, l'Académie des sciences a renouvelé son opération « Speed Sciences », qui vise à promouvoir la démarche scientifique auprès des jeunes. Une centaine de lycéens ou étudiants, de 16 à 20 ans, ont rencontré en tête à tête des académiciens et des scientifiques de renom. Toutes les dix minutes, durant deux heures, ils devaient changer d'interlocuteurs.
Cette démarche de la part de l’académie, habituée d’ordinaire à prendre son temps, peut sembler saugrenue, d’autant plus que la diffusion de la science est sans doute la première victime de la « crise de la patience » qui affecte tous les secteurs de la vie sociale. Speed Science : n’y a-t-il pas une contradiction dans les termes ?
