D'où vient le long dédain de l'école pour les matières techniques?

En 1934, Paul Valéry publiait un ensemble de textes rassemblés sous le titre Propos du l’intelligence, dans lequel on trouve cette phrase : 

« Qui soutiendra qu’il se dépense plus d’esprit dans une tête que dans une autre ; qu’il en faut plus, et plus de connaissances, pour enseigner que pour spéculer commercialement, ou pour créer quelque industrie, ou pour faire l’artisan ? 

L’intelligence humaine circule en effet dans toutes les activités humaines. Mais alors, comment expliquer que les employeurs déplorent aujourd’hui une pénurie de main d’œuvre dans plusieurs métiers industriels ou « technologiques », tels que ceux de soudeurs, chaudronniers, ajusteurs, mécaniciens… 

Est-ce l’image de l’industrie qui se serait dégradée ? Est-ce la qualité de vie dans ces métiers qui se serait détériorée ? Ou est-ce l’école qui, sans forcément le vouloir, distillerait l’idée que l’exercice d’un travail manuel, d’un travail utile, placerait son exécutant dans un état servile ? Par exemple en dissociant le penser et le faire ? Par exemple en n’incluant aucun rudiment de culture technique dans l’enseignement des humanités ?

Bref, d’où vient que la France se soit littéralement coupé les mains ?

Invités : Laurence Decréau, agrégée de lettres classiques, vient de publier « Tempête sur les représentations du travail » et Thierry Weil,  professeur à Mines Paristech (chaire Futurs de l'industrie et du travail), conseiller de la Fabrique de l'industrie.