

"Il faut défaire l’obédience qui fait le lit de l’apathie ambiante, autrement dit dé-coïncider." François Jullien
- François Jullien philosophe, helléniste et sinologue, professeur à l'université Paris-Diderot et titulaire de la Chaire sur l’altérité au Collège d’Etudes mondiales de la Fondation Maison des sciences de l’homme
Les physiciens le savent bien : la physique est tout le contraire d’une « bureaucratie des apparences ». Elle n’a rien d’un plagiat des réalités visibles : les lois qu’elle énonce ne se déduisent pas du simple spectacle du monde. Car si l’univers est exhibitionniste, il n’est guère pédagogue en matière de lui-même. Dès lors, comment le comprendre ? En utilisant notre esprit pour le « travailler au corps », pour ainsi dire. Au corps, oui, mais pas dans un corps à corps : en prenant au contraire de la distance, en décollant notre nez des données brutes qu’il nous livre, en décalant notre point de vue. Exemple : nous avons beau voir que des corps de masses différentes tombent à des vitesses différentes, en vérité, la gravité les fait tous choir exactement à la même vitesse.
Ce n’est donc pas un hasard si les grandes percées de la physique ont été réalisées, pour l’essentiel, par des gens qui, chacun à sa façon, ont trouvé le moyen d’effectuer des pas de côté, des « écarts de pensée » grâce auxquels ils sont parvenus à faire « dé-coïncider » le monde d’avec ce qu’il nous montre.
Cette pratique de la dé-coïncidence pourrait-elle se généraliser ? Circuler dans toutes les disciplines ? Investir jusqu’à la politique ?
Invité : François Jullien est à la fois philosophe, helléniste et sinologue. Il publie « Politique de la décoïncidence » (L’Herne)
Pour en savoir plus, le site de l'association Décoïncidence
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