Quelle est la situation des femmes dans le champ des sciences : y sont-elles devenues les égales des hommes ? Et si, comme on s’en doute, la réponse est non, comment changer la donne ? Dialogue entre la députée Céline Calvez et la physicienne Michèle Leduc.
- Céline Calvez Députée LREM des Hauts-de Seine
- Michèle Leduc Physicienne, membre du comité d'éthique de CNRS
Il s’appelait François Poullain de la Barre. C’était un philosophe du XVIIe siècle, plus exactement un drôle de personnage, : il fut cartésien, féministe, un temps prêtre de l’Eglise catholique, un temps protestant (il faut dire qu’à l’époque, c’était un peu compliqué). En 1673, il fit paraître anonymement un traité intitulé De l’égalité des deux sexes, discours physique et moral où l’on voit l’importance de se défaire des préjugés. Il y défendait l’idée que « l’inégalité de traitement que subissent les femmes n’a pas de fondement naturel, mais procède d’un préjugé culturel ». À l’époque, le mot préjugé était encore tout neuf. En conséquence de son hypothèse, François Poullain de la Barre préconisait qu’on donnât aux femmes une véritable éducation, mais aussi qu’on leur ouvrît toutes les carrières, y compris les carrières scientifiques. Il écrit : « Les femmes sont aussi nobles, aussi parfaites et aussi capables que les hommes. Mais cela ne peut être établi qu’en refusant deux sortes d’adversaires : le premier est la pensée vulgaire, le second est l’ensemble de presque tous les savants ». Il faut ajouter que c’est à ce monsieur que l’on doit la célèbre formule « l’esprit n’a pas de sexe » que Simone de Beauvoir avait mise en épigraphe du Deuxième Sexe.
Depuis la parution du livre de François Poullain de la Barre, de l’eau a coulé sous le Pont Neuf, pendant presque trois siècles et demi. Il est donc temps de se demander quelle est la situation des femmes d’aujourd’hui dans le champ des sciences : y sont-elles devenues les égales des hommes ? Et si, comme on s’en doute, la réponse est non, comment changer la donne ?
Invitées :
Céline Calvez, députée de la 5e circonscription des Hauts-de-Seine, rédactrice avec Stéphane Viry d’un rapport parlementaire sur les femmes et les sciences;
Michèle Leduc, physicienne travaillant dans le domaine de la physique atomique, directrice de recherche au CNRS au Laboratoire Kastler Brossel à l’Ecole Normale Supérieure. Elle a obtenu en 2008 le prix Irène Joliot-Curie, « femme scientifique de l’année ». Fondatrice de association Femmes et sciences, elle est aussi membre du comité d'éthique du CNRS. A ce titre elle a rédigé récemment un rapport sur le harcèlement sexuels dans les laboratoires.
Choix musicaux de nos invitées
- Cyndi Lauper, Girls Just Want to Have Fun
- Franz Schubert, 1er mouvement de la Fantaisie pour piano à 4 mains en Fa mineur
L'équipe
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