

Que savons-nous désormais de la vie des glaces, aux pôles et dans les montagnes ?
Lydie Lescarmontier (docteure en glaciologie).
Dans son livre La Montagne, Jules Michelet écrit : « Les glaciers constituent un redoutable thermomètre, sur lequel le monde entier, le monde moral et politique, doit toujours avoir les yeux. Les changements d’atmosphères qu’ils indiquent, ces phénomènes d’influence immense et profonde, avec la vie alimentaire, changent aussi la pensée, l’humeur et la vie nerveuse. C’est sur le front du mont Blanc, plus ou moins chargé de glace, que se lit le futur destin, la fortune de l’Europe, et les temps de la paix sereine, et les brusques cataclysmes qui renversent les empires, emportent les dynasties ».
L’historien indiquait ainsi que la vie des glaciers a une incidence directe sur les conditions d’existence des peuples, donc sur la vie politique, et que, pour cette raison, il faut être très attentif à leur évolution. Mais ces lignes datent de 1868, c’est-à-dire d’une époque où l’on ne parlait pas du changement climatique d’origine anthropique. Que faudrait-il y changer pour tenir compte de ce que nous savons désormais de la vie des glaces, aux pôles et dans les montagnes ?
Invitée : Lydie Lescarmontier, glaciologue, auteure de « La voix des pôles » (Flammarion, 2021)
