Qu’est-ce qu’un risque acceptable ?

Les avancées de la science et surtout de la technique ne sont plus systématiquement perçues comme des facteurs de progrès. Elles sont donc de plus en plus questionnées. Il faut dire qu’elles n’apparaissent plus enchâssées dans une philosophie de l’histoire qu’il suffirait d’invoquer pour leur donner à la fois un sens et une justification. D’où une méfiance accrue vis-à-vis des détenteurs du savoir et des acteurs de la science, soupçonnés d’accroître les périls et d’élargir le spectre des risques. D’une façon qui semble inéluctable, l’idée d’une absence de maîtrise de l’innovation en vient à remplacer l’idée d’un progrès qui serait toujours positif.

Notre société a beau être - paraît-il – « post-moderne », elle a de grandes ambitions, notamment celle d’atteindre une sécurité maximale. Elle tente donc de réduire autant que faire se peut les risques qui y sont encourus. Mais cette recherche d’un accroissement permanent de la sécurité implique des innovations qui elles-mêmes induisent de nouveaux risques, engendrant ainsi une dynamique sans fin qui contribue à faire accroire que les risques colonisent tous les aspects de la vie quotidienne.

D’autant qu’il y en a de toutes sortes de risques, des petits et des gros, des choisis et d’autres pas, des objectifs et des subjectifs, des anciens et des nouveaux, des collectifs et des individuels, des terroristes et des médicamenteux, des avérés et des potentiels… Mais quels sont ceux dont nous pouvons dire qu’ils sont « acceptables » ?

Invité : Jean-Marc Cavedon est ingénieur et physicien nucléaire, administrateur de l’Institut de Maîtrise des Risques (IMdR). Il dirige la protection et la sûreté nucléaires au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, il est l'auteur de « Peut-on vivre sans risque ? » (Le Pommier).